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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre.


Il est très difficile de suivre la Chambre des députés dans le désordre de ses travaux. Ce désordre est d’ailleurs méthodique ; mais cela ne change pas son caractère. L’ordre naturel serait d’aborder un sujet et de l’épuiser avant d’en entreprendre un autre : la Chambre, soit qu’elle ait trouvé cela trop simple, soit qu’elle ait voulu donner satisfaction à plusieurs intérêts à la fois, ou seulement à plusieurs impatiences, a préféré mener de front trois ou quatre discussions. D’abord celle du budget : on ne pouvait pas la négliger tout à fait. Mais il y avait aussi la loi des boissons, et enfin les interpellations, accumulées en si grand nombre que la session extraordinaire aurait été insuffisante, si on avait voulu les écouler toutes : il n’y aurait pas eu de place pour autre chose. La Chambre a fait un grand effort : elle a décidé qu’elle tiendrait deux séances par jour, une avant et l’autre après midi. Il est vrai qu’elle se donne deux jours de congé par semaine, le mercredi et le samedi, et même trois en comptant le dimanche, de sorte qu’elle ne gagne pas beaucoup à ses séances du matin. Ou du moins elle n’y gagne qu’une chose, à savoir qu’il n’y vient qu’un petit nombre de députés laborieux et qu’on peut dès lors y expédier rapidement plus de besogne. Aussi, ces séances ont-elles été consacrées à la discussion du budget. On a protesté contre une pareille combinaison ; on a dit que cette manière de discuter le budget ressemblait à un escamotage, et le reproche ne manque pas de quelque fondement. Mais la Chambre ne s’y est pas arrêtée. Elle se connaît ; elle a eu le sentiment qu’escamotage ou non, ce moyen était le seul qui lui permît d’échapper à trois, quatre ou cinq douzièmes provisoires. Quant aux séances de l’après-midi, elles sont remplies par la discussion des