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règne de Louis XV, des tableaux du Louvre, de Chantilly, du palais de Colorno, du Cabinet des Médailles, on peut se fier au goût de M. de Nolhac. Sous ces titres : le Mariage, l’Abandon, la Bonne Reine, etc., ce sont les plus beaux spécimens de tableaux des Boucher, des Nattier, des Oudry, des Belle, des Natoire ; de Carle Vanloo, de Gobert, de Martin, de Tocqué, des dessins de Cochin, des aquarelles de Portail, des gouaches de Van Blarenberghe, qu’on trouvera réunis dans ce luxueux ouvrage. Le fac-similé en couleur du tableau de Belle, la Reine Marie Leczinska et le Dauphin, en rend à merveille le coloris, la fraîcheur et la délicatesse.

Dans cette enquête sur l’ancienne France, on peut faire entrer la noble et très intéressante figure de Boniface-Louis-André de Castellane[1], fils d’un maréchal de camp, chevalier d’honneur de Mme Sophie, fille de Louis XV, et père du célèbre maréchal de Castellane, dont la comtesse de Beaulaincourt-Marles, sa fille, a publié le Journal, qui obtint tant de succès. Elle nous donne aujourd’hui l’histoire de son grand-père. Il appartint à cette noblesse libérale qui eut la généreuse illusion de pouvoir détourner les dangers d’une révolution menaçante. Il fit tous ses efforts pour maintenir l’union entre les trois ordres et ne fut pas moins incarcéré comme suspect dans la prison de Montagne-Bon-Air (Saint-Germain-en-Laye), le 1er floréal an II. Il y a là une peinture très intéressante et faite pour tous les âges d’une famille de l’ancien régime avant, pendant, et après la Révolution, et il en ressort un grand exemple d’union, de respect filial, de tendresse paternelle et de simplicité dans la véritable élégance, celle des sentimens et des manières. Ce livre est plein d’excellentes leçons et a une saveur vieille France, délicieuse à respirer en ce temps de cosmopolitisme : il paraîtra tout à fait curieux comme mémorial de famille. Les portraits en héliogravure ajoutent à ce caractère intime le charme du passé, tandis que de vieilles gravures des sites du temps, ou de jolis dessins, en complètent la physionomie, et le font revivre à nos yeux.

Tous ceux qui ont à cœur le souci de nos gloires nationales auront grand plaisir à lire le beau livre où M. Théodore Cahu, avec son enthousiasme pour les plus nobles héros de notre histoire, nous présente la grande figure de Richelieu[2], nous fait suivre pas à pas

  1. Boniface-Louis-André de Castellane, par Mme la comtesse de Beaulaincourt-Marles ; 1 vol. in-8o avec portraits en héliogravure et gravures hors texte : Plon et Nourrit.
  2. Richelieu, par Th. M. Cahu, 1 album grand in-4o jésus, illustré de 40 aquarelles, par Maurice Leloir ; Ancienne librairie Furne : Combet et Cie.