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les vingt années pendant lesquelles, abandonnant l’histoire naturelle pour la théologie, il a mené la guerre contre les « gardeurs de pourceaux. »


M. Léonard Huxley nous raconte que son père, rencontrant un jour, dans la rue, le vieux Carlyle, son premier maître, alla vers lui et l’aborda respectueusement. Mais le sage de Chelsea, après l’avoir considéré quelque temps, se borna à lui dire : « Vous êtes bien, n’est-ce pas ? le nommé Huxley, l’homme qui prétend que nous descendons des singes ? » Et, là-dessus, lui tournant le dos, il reprit sa promenade. C’est encore là une « vieillerie ; » et personne, aujourd’hui, ne ferait plus un reproche à Huxley d’avoir prétendu que les hommes descendent des singes. Mais je crains que son affirmation de la descendance animale de l’homme ne soit le seul souvenir que garde de lui la postérité ; et sa biographie, et ses lettres, et le témoignage de ses amis, tout concourt à prouver qu’il aurait pu jouer, dans l’histoire des sciences, un rôle plus important et plus personnel, si, trente ans auparavant, il avait pu écouter le conseil de Darwin, qui l’engageait à s’occuper un peu moins du darwinisme, pour revenir à l’étude des ascidiens et des crustacés.

T. de Wyzewa.