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glyptique, il s’agissait principalement, on s’efforçait de reconstituer « l’économie politique ou privée » des anciens, et, par exemple, de spécifier les ornemens qui faisaient l’élégance d’une dame romaine, — mundus muliebris, quo mundior millier fit, — c’est l’objet du De re Vestiaria ; ou encore les ustensiles dont les contemporains de Marc-Aurèle se servaient en ménage, et c’est l’objet du De Vasculis. Lazare de Baïf écrivait aussi quelquefois en français ; et sa traduction des Quatre Premières Vies de Plutarque est malheureusement perdue, mais nous avons sa traduction en vers de l’Electre de Sophocle, 1537, et de l’Hécube d’Euripide : la Tragédie d’Euripide, nommée Hécuba, traduite du grec en rhythme françoise, dédiée au Roy ; Paris, 1544, de l’imprimerie de Robert Estienne. La traduction d’Hécube est suivie, dans cette même édition, de quelques autres pièces de vers dont la plus importante est la Fable de Biblis et Caunus, suyvant Ovide en sa Métamorphose[1].

Ce savant homme avait un fils, — un fils naturel, né d’une mère probablement vénitienne, — Jean-Antoine, dont il avait confié l’éducation « aux meilleurs maîtres » de l’époque, Charles Estienne, Ange Vergèce, Tusanus ou Toussaint, le disciple et l’ami de Budé :


Qui chez lui nourrissait une gaie jeunesse
De beaux enfans bien nés… :


et finalement, après son ambassade de Spire, quand il avait eu repris possession de sa maison de la rue des Fossés, à un Limousin du nom de Jean Dinemandi, bon humaniste et aimable homme, qui se faisait appeler du nom de Daural, — Auratus, — ou Dorat. Un jeune page ou secrétaire, que Lazare de Baïf ramenait de sa dernière ambassade, et dont il avait sans doute apprécié les qualités d’esprit, si même il n’avait éveillé en lui le goût de l’érudition, fut admis à prendre part aux leçons de Daurat : c’était Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois, alors âgé d’une vingtaine d’années. Sa famille le destinait aux armes ou à la diplomatie. Mais la vocation avait été plus forte, et son père, Louis de Ronsard, qui avait pour la littérature l’aversion naturelle d’un bon gentilhomme de son temps, étant mort en 1544, le jeune diplomate, rendu à lui-même, s’enflamma

  1. Voyez pour tous ces détails, et d’autres encore sur Lazare de Baïf, le livre de M. Lucien Pinvert, 1 vol. in-8o ; Paris, 1900, Fontemoing.