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LA PLÉIADE FRANÇAISE

PREMIÈRE PARTIE


I. LES ORIGINES DE LA PLÉIADE

En ce temps-là, vers 1544 ou 1545, dans le pittoresque Paris de François Ier, les curieux qui passaient par la rue des Fossés-Saint-Victor, — aujourd’hui rue du Cardinal-Lemoine, — y pouvaient admirer une assez belle maison, « où, sous chaque fenêtre de chambre, on lisait de belles inscriptions grecques, en gros caractères, tirées du poète Anacréon, de Pindare, d’Homère et de plusieurs autres. » C’était la docte demeure de maître Lazare de Baïf, ancien protonotaire ; ancien ambassadeur du roi de France auprès de la république de Venise, et, plus récemment, à la diète de Spire ; conseiller au Parlement ; maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi ; avec cela savant helléniste, et, depuis que Budé, en 1540, s’était laissé mourir, « la grande lumière de l’érudition française de son temps. » Nous avons de Lazare de Baïf quelques opuscules : De re Vestiaria, 1526 ; De Vasculis, 1531 ; De re Navali, 1537, qui procèdent, comme l’indiquent assez leurs titres, de la même intention que le De Asse du maître. Le De Asse de Budé avait fait époque dans l’histoire de l’érudition française, et le moindre intérêt en était de justifier son titre. S’il y était traité congrûment des monnaies des anciens, il y était question de bien d’autres choses encore. Et, en effet, dans ce premier âge de l’érudition, à l’aide des ressources que fournissaient les textes juridiques habilement interrogés, la philologie, l’archéologie naissante, la numismatique et la