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nommé vice-roi intérimaire de Canton, que son prédécesseur fût mandé d’urgence à Pékin, et que le sous-préfet fût dégradé. Ce qui était nécessaire avant les attentats de 1900[1] le sera plus encore, après qu’on aura promis de les réparer. M. Pierre Leroy-Beaulieu ne s’arrête pas à mi-chemin, puisqu’il voudrait faire attribuer aux puissances un droit de veto à la nomination de certains fonctionnaires[2] ! En tout cas, celles qui laisseront renouer silencieusement les fils de la conspiration après avoir triomphé des conspirateurs deviendront la risée de l’Europe et de l’Asie.

S’il faut, pour assurer l’exécution des nouveaux pactes et particulièrement le paiement exact des indemnités, préposer des Européens à certains services publics, le rôle des puissances est nettement tracé. C’est sans doute, une fois de plus, intervenir, mais non innover dans le mode d’intervention. Il y a déjà plusieurs années que les droits de douane sont perçus avec une parfaite régularité, pour le compte du gouvernement impérial, par une administration dont les cadres sont européens. Sir Robert Hart, après l’avoir on ne peut mieux organisée, la dirige à la satisfaction générale ; les indigènes et les étrangers s’applaudissent avec une égale ardeur d’échapper aux procédés arbitraires et vexatoires des préposés chinois. Aujourd’hui comme hier et plus qu’hier, parce qu’il faudra désormais faire face à de nouveaux besoins, la corruption des administrateurs indigènes légitime cet emploi des procédés européens, appliqués par des Européens. Malgré des réclamations continuelles, le Céleste-Empire n’organise pas les postes chinoises : ce service est fait de la façon la plus irrégulière, presque exclusivement entre les ports ouverts, par quelques fonctionnaires de la douane, sans supplément de solde, avec le concours de divers employés européens. Le gouvernement central est effrayé des dépenses qu’entraînerait l’établissement d’un service définitif et paraît d’ailleurs incapable de recruter lui-même un personnel. Notre chargé d’affaires, M. Dubail, soumit le 9 avril 1898 aux membres du Tsong-li-Yamen la déclaration suivante, qu’ils acceptèrent dès le 10 avril : « Quand le gouvernement chinois organisera son service définitif de la Poste et établira un haut fonctionnaire à sa tête, il se propose de faire appel au concours de fonctionnaires étrangers, et il se déclare

  1. La correspondance diplomatique de 1899 le démontre avec la dernière évidence.
  2. Voyez la Revue du 1er novembre 1900.