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excuser, du moins comprendre ceux qui, vexés, molestés depuis vingt-cinq ans, et à la veille d’être persécutés plus violemment que jamais, s’en prennent à ceux qu’ils considèrent, parfois à raison, parfois à tort, — car il y aurait plus d’une distinction à établir, — comme les complices de leurs persécuteurs. C’est cependant une lourde faute, et, si les violences redoublent, si les persécutions se déchaînent, en particulier si la bienfaisance privée, comme elle en est menacée, se voit paralysée dans son action, atteinte dans ses œuvres, traquée dans son personnel, il ne faudra pas se répandre en injures grossières, encore moins menacer des représailles futures, mais, tout en opposant une résistance obstinée, invoquer les principes de tolérance, de liberté, d’égalité de tous devant la loi, que la fin du siècle dernier avait proclamés bruyamment, et que la fin de celui-ci semble singulièrement méconnaître. Je sais bien qu’en ce moment, ceux qui parlent de tolérance et de liberté font sourire, et que leur voix est semblable à celle qui crie dans le désert, vox clamans in deserto ; mais le désert a cependant sa sonorité, car du moins le bruit d’aucune autre voix ne couvre la vôtre, et il n’est pas dit que ces voix solitaires ne finiront pas un jour par être entendues. En tout cas, elles ne se réduiront pas d’elles-mêmes au silence, car, à ne point se taire et à s’élever contre toute persécution, certains ont mis leur honneur de catholique et leur conscience de chrétien.


HAUSSONVILLE.