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par les États-Unis ont rendu plus d’une fois des services en contribuant à calmer des ardeurs exagérées ; mais, cette fois, leur politique n’est autre chose que l’abstention ou l’abdication. Le Japon, à son tour, commence à se demander avec inquiétude jusqu’où l’engagera la politique occidentale. Ces divergences, de plus en plus manifestes, causent du découragement. La presse a commenté un article de la Gazette de Cologne où ce sentiment se manifestait avec quelque mélancolie. L’Allemagne a sa responsabilité dans la situation actuelle : elle a trop cru qu’il lui suffirait d’envoyer en Chine le feld-maréchal de Waldersee pour frapper d’épouvante le gouvernement impérial. Li-Hung-Tchang et le prince Ching ont été, il y a quelques jours, reçus par le maréchal allemand, et il ne semble pas qu’ils soient revenus de cette visite particulièrement terrorisés, tandis qu’on s’est demandé ailleurs si elle était bien correcte, et si les diplomates chinois devaient avoir, en dehors des ministres, des rapports directs avec un militaire européen. En somme, on traverse une période de désarroi, et l’ouverture des négociations en est retardée dans des conditions d’autant plus fâcheuses que voici l’hiver venu, et qu’il est terrible dans le Nord de la Chine. Nous ne voyons, quant à nous, qu’un moyen de sortir de l’impasse, qui est d’adopter une politique bien définie et d’y adapter les moyens propres à la soutenir, — à moins qu’on ne préfère mesurer discrètement les moyens dont on dispose, et y conformer sa politique.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-gérant,

F. BRUNETIERE.