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d’abdiquer sa propre volonté. Cet autoritaire de la vie politique est pareillement un autoritaire de la vie de famille. C’est le Croquemitaine de l’autorité. Cela est d’une observation très superficielle. Combien il eût été d’une vérité plus commune de nous montrer dans ce tyranneau le plus débonnaire des hommes et le plus complaisant des-pères ! Au surplus les excès d’autorité de Perraud ne sont pour rien dans les fâcheuses incartades de son polisson de fils. Ce jeune homme est un affreux petit drôle, paresseux et insolent. Subitement il lui prend une lubie de se marier. Son père le prie d’attendre et de repasser quand il aura une position. Ce père a bien raison et nous le plaignons d’avoir un tel fils. Ce croquemitaine est un malheureux. Cet autoritaire manque de fermeté. Il en manque dans sa conduite publique comme dans sa vie privée. Il est moins effrayant que pitoyable. C’est un pauvre homme. C’est le contraire de ce que l’auteur avait voulu nous montrer… A moins que M. Jean Jullien n’ait voulu dire : « La poigne n’est pas l’autorité. Pour faire preuve de caractère, la première condition est d’en avoir. Rien n’est plus dangereux que de « faire de l’autorité » quand on est d’ailleurs un faible. » La Poigne, est très joliment mise en scène et fort bien jouée, surtout par M. Gémier, qui est excellent dans le rôle de Perraud, et M. Arquillière a dessiné avec beaucoup de finesse la silhouette d’un certain Barrai, universitaire de province et politicien à principes.

Le Théâtre-Libre est devenu le Théâtre-Antoine. En changeant de nom, combien il a changé d’esthétique ! Où sont les brutalités de la comédie rosse, qu’au surplus je ne regrette pas ? Ce n’est plus Henry Becque qu’imitent les jeunes auteurs, c’est Duvert et Lausanne. La Main gauche, de M. Pierre Veber, est un vaudeville suivant la formule ancienne. Toutes les ficelles classiques y sont tirées avec une adresse et même une rouerie presque inquiétante. Ces trois actes, d’une substance si mince qu’elle échappe à l’analyse, sont filés d’une main légère et menés de façon alerte. Il y a de la gaieté, plus étudiée que jaillissante. Quelques traits d’observation, quelques silhouettes finement indiquées donnent à espérer que M. Veber ne se confinera pas dans ce genre et qu’il peut prétendre à des succès d’un ordre plus relevé.

M. Dumény est tout plein de rondeur et de bonne humeur dans le personnage principal.


RENE DOUMIC.