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viennent d’opérer ces deux ou trois dernières années. Impérialisme et nationalisme se touchent ou se tiennent. C’est, d’autre part, la guerre de Sécession, M. de Nevers l’a fait observer à bon droit, qui, d’une concurrence jusque-là brutale et sanguinaire, a transformé la « lutte des races » aux États-Unis, — entre blancs du moins, — en une concurrence pacifique. Et enfin, de ces treize colonies à jamais fameuses, que leurs différences d’origines divisaient en trois groupes au moins à la veille de la déclaration d’indépendance, la guerre, et la guerre seule, a formé le noyau compact de l’union future. Mais M. de Nevers fait observer encore, et il le prouve, que sans Washington, les vicissitudes ou les péripéties de la guerre d’indépendance n’auraient peut-être abouti qu’à remettre l’Amérique sous la domination de l’Angleterre. On ne louera jamais assez Washington ! Et puisque enfin il faut que tout article ait une conclusion, toute histoire une morale, et que toute morale se résume en une leçon, j’en tirerai jusqu’à deux de cette observation : la première, que la loi de la guerre n’a pas cessé d’être « une loi du monde ; » et la seconde, si je l’ose exprimer de cette façon familière, qu’en histoire — et quoi que l’on dise de la vertu anonyme et impersonnelle des foules — c’est encore quelque chose qu’un homme.


F. BRUNETIERE.