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LE CONGRÈS SOCIALISTE
INTERNATIONAL

LE SOCIALISME BOURGEOIS

Parmi les innombrables congrès qui se sont réunis à Paris, à l’occasion de l’Exposition, les congrès socialistes, international et national, ont surtout attiré l’attention. Ils ont été les plus bruyans, les plus tumultueux, les plus discordans. C’est peut-être dans le parti où l’on parle le plus de solidarité, — la grande devise de la fin du XIXe siècle, comme le fut la sensibilité, au siècle dernier, — c’est dans ce temple de la solidarité que l’on se prodigue, du moins en France, les plus basses injures et les plus infamantes, lorsque l’on n’en vient pas aux coups. Henri Heine constatait, dès l’origine, ce trait de caractère chez les propagandistes : « L’esprit soupçonneux, mesquin, envieux de ces gens a besoin d’être occupé par l’action, sans cela il se perd dans de subtiles discussions et d’aigres disputes de jalousie qui dégénèrent en inimitiés mortelles. Ils ont peu d’amour pour leurs amis. » Ils demeurent les mêmes, aujourd’hui qu’un champ presque illimité semble s’ouvrir à leurs entreprises. L’histoire du parti socialiste depuis vingt ans n’offre qu’une suite de discordes et de guerres intestines qui font mal augurer de la paix romaine qu’il nous promet pour le jour où il occupera le pouvoir.