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des améliorations de services utiles nécessitées par le développement général de la civilisation, de l’industrie, du commerce ; par l’établissement des chemins de fer. Il n’en serait pas moins fort aisé de montrer le rôle de l’initiative parlementaire ; il suffirait de reprendre en détail les mouvemens annuels des budgets et de reproduire quelques extraits des débats parlementaires de 1845, 1846, 1847.

En fait, à une administration financière de quatorze années s’étant trouvée aux prises, dès le début, avec les difficultés et les bouleversemens les plus graves, dont la gestion personnelle s’était réglée cependant, en définitive, par un excédent de recettes, avait succédé un système qui se traduisait, au bout de dix-huit ans, par un déficit de près de 1 milliard et par une augmentation de dépenses de 615 millions, soit une augmentation moyenne de 34 millions par an (au lieu de 7 millions par an de 1816 à 1829).

Il est vrai que durant la même période, les ressources générales de la nation avaient sensiblement augmenté. Si l’on veut, par exemple, en considérer un des signes principaux, le commerce extérieur, on voit qu’il s’était accru dans une proportion plus élevée que les budgets. Le chiffre du commerce extérieur de la France et celui de son budget étaient en effet à peu près égaux au commencement de la monarchie de Juillet. A la fin, pour les trois dernières années, 1845, 1846, 1847, tandis que la moyenne annuelle des dépenses était arrivée à 1 561 millions, celle du commerce extérieur spécial s’était élevée à 1 717 millions. Le budget s’était accru de 615 millions (de 1829 à 1847), soit de 60 pour 100 ; mais le commerce extérieur s’était accru en même temps de 682 millions, représentant près de 70 pour 100.

A la veille de la révolution qui devait emporter si subitement la nouvelle dynastie, un homme dont l’opinion fait autorité en matière de finances, de fortes convictions monarchiques, d’une rare modération et d’une égale fermeté d’esprit, le marquis d’Audiffret, n’en prononçait pas moins à la Chambre des pairs, comme rapporteur de la commission de 1847, le jugement suivant sur l’administration financière de cette époque :

« Une semblable exposition des faits et de leurs conséquences nous aidera sans doute à mesurer l’étendue et à découvrir la limite de la voie dangereuse des déficits et des emprunts dans laquelle nous sommes entraînés depuis trop longtemps au-delà