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étrangères, Cultes, Instruction publique, Justice, Beaux-Arts, Intérieur, Travaux publics, Agriculture, Commerce, etc. Moins de 100 millions, — exactement 91, — pour tout cela, pour tous ces ministères, toutes ces administrations, tous ces bureaux, toute cette hiérarchie, tout ce mandarinat, toute cette paperasserie qui représentent aujourd’hui près de 800 millions.

Ainsi débute le siècle. Toutefois, le budget du régime n’est pas encore fixé. Ces chiffres de l’an IX ne sont que circonstanciels. Ils comprennent des élémens importans légués par les périodes précédentes, notamment par l’anarchie du Directoire, et ne comportent pas encore les applications des projets en préparation. Le rapport présenté au Tribunal, le 15 nivôse an IX (5 janvier 1801), par M. Bérenger, au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi relatif aux dépenses, expose nettement cette situation. Après une critique non dissimulée et fort libre de la forme incorrecte en laquelle le projet était présenté, quoique par force majeure, il s’exprime en effet en ces termes :

L’état des finances et de toutes les branches de l’administration était tel, à l’époque du 18 brumaire, que l’appeler un désordre absolu, c’est en donner une idée fort imparfaite ; aucun des élémens d’alors ne peut servir de base à une distribution raisonnable et utile des dépenses publiques. Quelque activité qu’on ait mise depuis à en préparer d’autres, ils ne sont pas tous rassemblés ; il reste encore bien des abus à détruire, des réformes à opérer, des travaux utiles à reprendre. L’administration s’organise, mais cette importante opération n’est pas encore terminée. La distribution qu’on vous proposerait aujourd’hui serait donc essentiellement imparfaite ; elle ne pourrait proportionner les fonds à l’exigence respective des besoins ; elle laisserait le service en souffrance, retarderait les progrès de l’ordre, serait-un obstacle à la véritable économie.

Il n’en sera pas de même pour l’année prochaine. Si la République compte encore alors quelques ennemis, ils seront peu nombreux et peu redoutables ; son système militaire et maritime sera parfaitement organisé, les travaux, les établissemens, en un mot tous les genres de dépenses qu’exige l’administration intérieure auront pris une assiette déterminée : vous balancerez réellement, et non par de vains aperçus comme on l’a fait si longtemps, les besoins et les ressources de l’État. Enfin le gouvernement, qui a le même intérêt, et la même volonté que vous de se conformer aux dispositions de l’acte constitutionnel, s’empressera sans doute de vous présenter un plan de finances digne de sa sagesse et de l’approbation du Corps législatif. Ainsi la marche que vous adopterez ne doit être considérée ni comme un principe, ni comme une règle ; c’est, au contraire, un moyen d’accélérer le retour aux véritables principes, el d’en réclamer l’observation pour l’avenir.