LA FABLE ET LA PYSIOLOGIE
Les enfans ont coutume de poser, aux personnes qui les instruisent, des interrogations souvent bien embarrassantes. Il n’est pas d’objet qu’ils aperçoivent à propos duquel ils ne demandent : « A quoi cela sert-il ? Pour quoi est-ce faire ? » Il y a donc, en leur petite cervelle, une conviction obscure que tout a son utilité et sert à quelque chose.
Ils ne sont pas seuls à penser ainsi. Lorsque Galien écrivait le premier traité de physiologie qui eût encore paru, et l’intitulait De l’usage des parties, — De usu partium, — c’est cette question puérile qu’il se posait et à laquelle il prétendait donner une réponse, pour chacun des organes de notre corps. Il en est des premiers âges de la science comme des premiers âges de la vie : la même inexpérience engendre les mêmes chimères.
C’en est une de supposer que tout organe serve à quelque chose. Cela n’est pas certain, par avance ; et, en dépit de l’inébranlable conviction de ceux qui sont ignorans des choses naturelles, cela n’est pas vrai. Il y a, par exemple, chez l’embryon, des organes éphémères qui disparaissent au cours du développement en laissant des vestiges désormais sans usage. Il y a surtout des organes rudimentaires que la nature, comme un artiste distrait, dessine, ébauche, commence à