la houille et des métaux, qui se manifestent brusquement après quelques années de calme. Il se produit, au moment où ces phénomènes apparaissent, des demandes nouvelles, en dehors du courant ordinaire de la vie économique quotidienne : elles résultent soit d’une guerre, soit de vastes travaux publics entrepris par les gouvernemens, soit de l’outillage de pays neufs ; elles proviennent de ce que les légistes appelaient autrefois le « fait du prince. » Sous cette impulsion, la production augmente, les industriels s’efforcent d’accroître leur outillage ; les charbonniers essaient d’extraire plus de houille ; des capitaux nouveaux et considérables sont demandés pour l’extension des sociétés anciennes et la création de sociétés nouvelles. Cette demande élève le taux de l’intérêt sur les marchés financiers et augmente en conséquence la valeur des capitaux disponibles ; d’un autre côté, la cherté des métaux en ralentit la demande ; la hausse du charbon et celle des salaires, qui accompagnent presque toujours la prospérité industrielle, empêchent d’abaisser les prix de vente. Le ralentissement de la consommation apparaît au bout d’un temps plus ou moins long ; les cours baissent peu à peu, ceux des métaux d’abord, celui du charbon en dernière ligne.
Tel est le cycle que nous avons vu se dérouler à diverses reprises depuis le milieu du siècle. A l’époque de la guerre de Crimée et jusque vers celle d’Italie, de 1855 à 1859, nous eûmes un mouvement intense de construction de chemins de fer ; de 1872 à 1880, une activité métallurgique extraordinaire, provoquée par la reconstitution de notre outillage militaire, puis par l’exécution d’un vaste programme de travaux publics ; de 1888 à 1891, une activité générale, dont le syndicat des cuivres fut l’expression la plus aiguë ; enfin, dans les dernières années du XIXe siècle, un mouvement d’expansion universel, dû à la fécondité de la population allemande, produisant et consommant beaucoup plus qu’auparavant ; à la reprise violente des affaires aux États-Unis, sortis de leurs crises de 1893 et de 1896, développant leur production houillère et métallurgique dans des proportions inconnues jusqu’à ce jour ; à l’ouverture de la Chine aux entreprises industrielles de tout genre ; au redoublement des armemens des principales nations, à l’entrée en scène du Japon, se haussant au niveau des grandes puissances, à la guerre de l’Espagne contre les États-Unis, qui, du rôle de peuple pacifique, semblent vouloir passer à celui d’un empire dominateur et conquérant ; à la campagne du