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francs. Jamais la recherche des mines d’or n’a été plus active ; jamais non plus l’industrie du traitement des minerais aurifères n’a fait plus de progrès : le prix de revient du métal tend à s’abaisser, grâce aux perfectionnemens incessans des méthodes de travail[1] : dans tous les grands centres, en particulier au Rand, les ingénieurs sont occupés sans relâche à rechercher les économies : tout se résume, en effet, dans ce problème : étant donnée une tonne de minerai contenant tant de grammes du métal précieux, les extraire moyennant des frais inférieurs à leur valeur. L’or étant librement monnayé dans presque tous les pays civilisés, il n’y a aucune incertitude sur le prix de vente : un kilogramme équivaut à 3 444 francs. Dès lors la concurrence n’existant pas entre producteurs, ceux-ci n’ont aucune raison de chercher à tenir secrets leurs procédés de fabrication : les mines et usines de traitement sont, en général, ouvertes à tous ; chacun peut profiter des inventions de son voisin et abaisser, grâce à elles, son propre prix de revient. Pour donner une idée des résultats auxquels il est possible d’arriver, nous citerons la mine Alaska Treadwell, dans l’île de Douglas, près de la côte occidentale des Etats-Unis, qui a la batterie la plus considérable du monde, 540 pilons, et où le prix du traitement de la tonne de minerai s’est abaissé à 4 fr. 50. Dans certaines mines australiennes, il atteint 50 francs. Ce prix peut donc varier du simple à plus du décuple.

L’argent n’est plus aujourd’hui métal monétaire que dans un seul grand pays, le Mexique ; partout ailleurs, il est réduit à l’état de marchandise et varie de cours, du jour au lendemain. Quand nous disons qu’il n’est plus métal monétaire, cela ne signifie pas qu’on ne frappe plus de pièces de monnaie en argent : l’expérience quotidienne serait là pour démentir une assertion semblable. Mais, chez la plupart des nations modernes, il n’est plus loisible aux particuliers d’apporter des lingots de métal blanc aux hôtels des monnaies et de les faire transformer en disques qui aient force libératoire. L’Etat seul s’est parfois réservé ce droit, presque toujours alors limité à une somme déterminée. Quant aux monnaies divisionnaires qu’émettent la plupart des gouvernemens, elles sont, dans toute organisation saine, remboursables en monnaies libératoires par l’Etat frappeur, en

  1. On lira avec fruit à cet égard une série d’articles publiés dans Le Messager de Paris par M. Labordère (août 1900).