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de milliers de tonnes celui de 1891, qui était de 380 000 tonnes ; néanmoins le prix, d’après la cote américaine, s’est élevé de 3 cents 28 la livre en janvier 1895, à 5 cents 75 en décembre 1899, c’est-à-dire qu’il a presque doublé. Nous relevons des fluctuations analogues à Londres, où la tonne de zinc s’est traitée, en 1899, jusqu’au prix de 700 francs ; elle y est retombée depuis à 480 francs.

L’un des métaux qui attirent le plus l’attention est aujourd’hui le cuivre, dont le rôle est considérable dans l’électricité : il est un de ses meilleurs conducteurs et ne cesse, à ce titre, d’être demandé pour les installations électriques si nombreuses qui s’organisent de toutes parts. Aussi la consommation paraît-elle en croître aussi rapidement que la production. Ce métal avait donné lieu, il y a une dizaine d’années, à la tentative, demeurée célèbre, de M. Secrétan, qui avait cherché à organiser une entente entre les principales mines du monde pour régulariser la production et la vente. Cette période fut marquée par la hausse violente du cuivre, dont le prix dépassa un moment 2 500 francs la tonne, puis par la baisse profonde, jusqu’au cours de 900 francs, qui suivit l’échec des négociations et la chute de la société fondée pour servir de cheville ouvrière à la combinaison. L’idée d’un syndicat de producteurs a été reprise, l’an dernier par des Américains, dont le principal est M. Roquefeller, le roi du pétrole : ils ont commencé par acquérir des actions de mines de cuivre, en particulier de la célèbre Anaconda. qui a fourni en une année jusqu’à 60 000 tonnes, le huitième environ de la production universelle ; ces diverses actions ont été mises en trust, c’est-à-dire apportées à une compagnie centrale, l’Amalgamated copper : celle-ci, grâce à l’influence qu’elle exerce dans les sociétés dont elle possède la majorité des actions, gouverne déjà une partie de la production des États-Unis : ceux-ci, à eux seuls, apportent un contingent qui représente presque les trois cinquièmes du cuivre extrait annuellement dans le monde, environ 264 000 tonnes métriques en 1899, sur un total de 476000. Le reste est fourni par l’Espagne (60 000 tonnes), le Japon (28 000), le Chili (25 000), l’Allemagne (24 000), l’Australie (21 000), le Mexique (20 000) et divers pays.

Le résultat d’une consommation qui s’accroît sans cesse, et aussi de l’organisation syndicale qui s’est constituée aux États-Unis, a été de maintenir le prix du cuivre à un niveau élevé : dans les dernières années, il a oscillé entre 1 500 et 2 000 francs