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fabrique de l’acier nickelé, très recherché pour le matériel de guerre et d’autres emplois. Le gouvernement d’Ontario n’a pas craint de mettre un droit de sortie pour ainsi dire prohibitif sur le nickel, en sorte que ce métal doit être utilisé sur place et sert à la fabrication en grand de l’acier nickelé, que le Canada va ainsi fournir à une partie du monde.

En Europe, le progrès le plus remarquable a été accompli par l’Allemagne. Comme nous avons donné à cet égard des détails assez complets dans l’étude que nous avons consacrée ici même au développement industriel de ce pays[1], nous nous bornerons à mettre sous les yeux de nos lecteurs les chiffres de production de la dernière année connue, qui est en progrès considérable sur ses devancières. L’Allemagne a produit plus de 8 millions de tonnes de fonte on 1899 contre 6 millions en 1896, tandis que la France, durant la même période, n’augmentait que de 300 000 tonnes, en s’élevant à 2 600 000 tonnes. La Belgique a passé de 800 000 à 1 million ; la Russie de 1 300 000 à 2 500 000.

D’une façon générale, l’acier tend de plus en plus à se substituer à la fonte et au fer. Environ 75 pour 100 de la fonte produite ont été convertis eu acier, au cours de 1899, tandis que 72 pour 100 seulement l’avaient été en 1898. La production de la fonte en 1899 a exigé l’abatage et le traitement d’environ 90 millions de tonnes de minerai de fer, soit environ 9 tonnes de minerai pour 4 tonnes de fonte.

Le mouvement métallurgique qui se dessinait en 1898 a atteint son plein développement en 1899 et s’est prolongé jusqu’en l’année actuelle. En un seul mois, celui d’octobre 1899, les commandes atteignirent aux Etats-Unis les chiffres suivans : 350 locomotives, 33 000 wagons, 500 000 tonnes de rails d’acier, nombre de ponts métalliques. Toutes les usines travaillaient à leur plein ; de nouveaux hauts fourneaux s’allumaient ; d’anciennes mines de fer étaient réouvertes. La valeur des exportations américaines de fer et d’acier a dépassé, en 1899, 540 millions de francs. C’est en décembre 1898 qu’une hausse de prix a commencé à se manifester ; elle a atteint son point le plus élevé dans l’automne 1899, époque à laquelle beaucoup d’articles avaient doublé de valeur par rapport à l’année antérieure. Il faut toutefois observer que les cours, tout en étant très supérieurs à

  1. Voir la Revue des Deux Mondes du 15 février 1898 : L’Industrie allemande.