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Une comparaison avec les années antérieures nous montre que, si la production de fer a été en augmentation constante, la proportion de fonte convertie en acier a crû encore plus rapidement : grâce à l’abaissement du prix de cette fabrication, l’emploi de l’acier se répand de plus en plus. En nous bornant aux trois contrées qui sont en tête de la liste, nous constatons qu’en 1899 :


Les États-Unis ont fourni 34, 32 p. 100 de la fonte consommée dans le monde
Le Royaume-Uni 23, 37 «
L’Allemagne 19, 65 «
Total 77, 35 «

Par une coïncidence intéressante à noter, ces trois pays, qui renferment un dixième de la population du globe, lui ont fourni à peu près la même proportion de charbon et d’acier, soit huit dixièmes de la consommation universelle. Voici les proportions exactes :


Charbon Acier
États-Unis 31,95 39, 11p. 100
Royaume-Uni 30, 55 18, 27 —
Allemagne 18, 89 22, 66
Total 81, 39 80, 04

Comme pour le charbon, c’est l’Amérique qui a réalisé les progrès les plus rapides en métallurgie. Ce ne sont pas seulement les États-Unis proprement dits qui ont développé leur production de fer. Un mouvement analogue s’est accompli au Canada, notamment dans la province d’Ontario, où ont été découverts des gisemens de minerai comparables aux puissantes couches du Minnesota, qui alimentent la majeure partie des hauts fourneaux américains, et qui ont permis aux États-Unis de fournir à eux seuls plus du tiers de la fonte consommée dans le monde. C’est au nord du lac Supérieur, près de la rivière Michipicoton, que commence à s’exploiter une des veines les plus riches qui soient connues. Le gouvernement canadien accorde une prime de 3 dollars (environ 15 fr. 60) par tonne de fonte retirée de minerais canadiens, et de 3 dollars par tonne d’acier manufacturée au Canada, à la condition que moitié au moins de fonte canadienne ait servi à cette production d’acier. L’absence de charbon dans la province d’Ontario est en partie compensée par des ressources considérables en gaz naturel, qui servent au chauffage aussi bien qu’à l’éclairage. Le Canada semble donc en voie de devenir, lui aussi, un producteur important de fer : grâce à ses riches gisemens de nickel, il