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production, en particulier dans le pays de Galles : des explorations ont été poursuivies vers l’extrémité Sud-Est du comté de Kent, où on espère recouper des couches houillères correspondant à celles qui existent en France, dans le Pas-de-Calais, et où des veines, jusqu’ici très minces, ont été trouvées.

Après les États-Unis et l’Angleterre, c’est l’Allemagne qui est le plus fort producteur de houille : lignite comprise, elle a, en 1899, extrait 136 millions de tonnes, et elle en a consommé autant : car, si elle a exporté 16 millions de tonnes de combustible minéral, consistant surtout en coke et houilles de qualité supérieure, elle a importé 15 millions de tonnes, principalement de lignites autrichiennes. Alors qu’autrefois elle cherchait à s’assurer des débouchés et à exporter, elle est aujourd’hui soucieuse de conserver à son industrie indigène la totalité de la houille qu’elle produit. Les syndicats de vente élèvent les prix pour l’étranger, et vendent par exemple en France, en Meurthe-et-Moselle, la tonne 2 fr. 50 plus cher qu’en Allemagne. L’augmentation énorme de la production de la fonte, qui, dans ce dernier pays, a passé, de 4 millions de tonnes en 1889, à 8 millions en 1899, explique l’accroissement parallèle de la demande de houille. D’autre part, la guerre sud-africaine a fait acheter soudainement par l’amirauté anglaise tout le combustible nécessaire à l’approvisionnement de la flotte militaire et marchande affectée au service des transports entre la Grande-Bretagne et le Cap, et a réduit les quantités disponibles en Angleterre pour l’exportation. Enfin le matériel des chemins de fer allemands s’est trouvé insuffisant pour les transports dans l’ouest de l’Empire ; et en même temps la population des mineurs, bien qu’elle ait augmenté de 75 pour 100 dans le seul bassin de Westphalie au cours des dix dernières années, ne permet pas encore l’organisation complète des chantiers nécessaires pour satisfaire à toutes les demandes actuelles.

La production de la France reste inférieure à sa consommation : elle importe des houilles anglaises, allemandes et, depuis cette année, américaines. Le droit d’entrée sur le charbon est fixé chez elle, depuis 1860, à 1 fr. 20 par tonne, quelle que soit la provenance, et, chose digne de remarque, n’a pas varié durant cette longue période, au cours de laquelle nos tarifs douaniers ont subi tant de fluctuations. Nous avions songé un moment à l’enlever, puisque notre production, inférieure à nos besoins, assure à nos