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de l’armée de Rhin-et-Moselle, que Marceau avait été blessé mortellement à Altenkirchen, le 19 septembre.

« Vous me demandez, mon cher général, des nouvelles de l’armée. Le général Jourdan s’était retiré jusqu’au débouché de Wetzlar, appuyant sa droite au Rhin par Nieder-Lahnslein et couvrant parfaitement le blocus d’Ehrenbreitstein. On est resté quelques jours en présence. Une division de l’armée du Nord, en abandonnant sa position à la première escarmouche, a permis aux Autrichiens de pousser une pointe vigoureuse sur Ehrenbreitstein et de débloquer cette forteresse.

« Le général Marceau, commandant les trois divisions de droite, ayant par ce mouvement l’ennemi sur ses derrières, a dû changer de position pour se rabattre sur le corps de bataille. Dès lors Jourdan a pris le parti de faire sa retraite sur Düsseldorf. Marceau, qui soutenait la retraite, a été blessé dans une affaire d’arrière-garde ; peut-être, dans ce moment-ci, est-il mort ! C’est mon meilleur ami, c’est à côté de lui que je combats depuis trois ans, avec la presque certitude du succès. Une balle lui a traversé la poitrine. C’est une calamité pour l’armée, car il était bien l’homme qu’il fallait pour commander l’aile droite, par sa sagacité, la justesse de sa conception, en un mot, par tous les talens que vous lui connaissez... Mes larmes coulent, mon général, en vous faisant ce récit... Je sais que vous n’y serez pas indifférent.

« J’ai proposé au général en chef de jeter quelques compagnies de grenadiers au delà du Rhin, vers les débouchés de Nastein et de Wiesbaden, pour inquiéter l’ennemi sur son flanc et sur ses derrières. Dans tous les cas, je suis prêt à me porter en avant avec mes 12 000 hommes. Donnez-moi de vos nouvelles, mon général, si vous le pouvez. Je suis ici comme un enfant perdu, mais qui saura bien se retrouver quand l’occasion se présentera. A la levée du blocus de Mayence, j’ai pris position en arrière de la Seltz, ma droite en arrière de Partenheim, ma gauche à Bingen. Là je suis maître de mes mouvemens, je puis recevoir le combat, ou bien, en trois heures, repasser la Lahn, derrière laquelle j’attendrai de pied ferme tout ce qui se produira devant moi... »

Hardy fit ensuite dans le Hundsrück une campagne, marquée par des succès éclatans à Nieder-Ingelheim, Kaiserlautern, Bingen, la Montagne Saint-Roch et le Mont-Tonnerre, où il fut grièvement blessé. Cette blessure l’obligea à revenir à Philippeville, où, le 18 janvier 1797, il épousait la belle-sœur de son vaillant