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que, pour repousser l’Europe coalisé, il a suffi d’un grand élan patriotique ; Carnot organisant la victoire, et les baïonnettes des volontaires faisant reculer l’invasion !

Dans cette héroïque phalange apparaît à son rang Jean Hardy, qui, né à Mouzon, dans les Ardennes, en 1762, mourut à trente-neuf ans, à Saint-Domingue, et fut l’un des plus brillans parmi ces soldats qui, formés à l’armée de la monarchie, devaient rendre d’indiscutables services à la patrie et à la république. La Révolution le trouve fourrier à Royal-Monsieur, attendant son brevet de sous-lieutenant. Il est l’un des premiers à s’enrôler devant l’Autel de la Patrie ; il conduit à l’armée du Nord les volontaires d’Epernay. C’est à leur tête qu’il gagne, sur la butte de Valmy, le 20 septembre 1792, ses épaulettes de chef de bataillon. Après Wattignies, le 16 octobre 1793, où il commande le 7e bataillon de la Marne, il est chargé de défendre Philippeville contre les Autrichiens et réussit, par de vigoureuses sorties, à ravitailler cette place, qu’il conserve à la France. En récompense de sa belle conduite, le Comité de Salut Public, sur la proposition de Carnot, le nomme général de brigade, commandant l’avant-garde de l’armée des Ardennes (27 janvier 1794). Hardy force, le 26 avril, les gorges fameuses de Bossus-les-Walcourt, où, cent ans auparavant, les armées de Louis XIV avaient subi un grave échec. Il donne l’assaut à Thuin le 10 mai, à Fontaine-Lévêque le 25, et, dans les nombreux combats livrés sur la Sambre, il se fait remarquer par son intrépidité et sa science tactique. Le 3 juin, devant Charleroi, il soutint, à Monceau, avec deux bataillons d’infanterie légère, le passage de l’armée sur la rive droite de la Sambre, pendant que Sénarmont et six pontonniers débarquaient, sous le feu croisé de l’artillerie autrichienne, jusqu’au dernier bateau de l’équipage de pont.

Quand l’armée des Ardennes se fondit, à Fleurus, le 26 juin 1794, dans celle de Sambre-et-Meuse, Hardy commandait l’avant-garde de la division Marceau. Il prit part à la conquête de la Belgique, à la prise de Maëstricht, au blocus de Mayence. A Klein-Winternheim, devant Mayence, il repoussa, par un changement de front habilement exécuté sous le feu, une sortie en masse de la garnison, et il fut de nouveau cité à l’ordre du jour, le 29 juillet.1796. Pendant la retraite de Jourdan, après Wurtzbourg, en septembre 1796, Hardy gardait la rive gauche du Rhin avec douze mille hommes. Ce fut lui qui apprit à Moreau, général