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émises en vue de dénouer le conflit chinois. Il ne se dissimulait pas que plus son initiative serait discrète, plus elle aurait chance de réussir. Son mérite a été d’avoir embrassé la question dans son ensemble, sans rien négliger d’essentiel, et aussi d’être intervenu au bon moment opportun. La Russie avait proposé d’abord d’évacuer Pékin pour inciter le gouvernement chinois à y rentrer : c’était, dans sa pensée, la préface de la négociation future. L’Allemagne avait proposé à son tour d’exiger avant tout la livraison d’un certain nombre de criminels : c’était encore une préface, mais plus vraisemblablement de la guerre que d’une négociation. Nous avons dit que l’Allemagne s’était réduite à proposer depuis de punir exemplairement les criminels en question. Mais il ne s’agissait là que des réparations du passé, et encore d’une partie d’entre elles. M. Delcassé s’est souvenu que le programme des puissances comportait à la fois des réparations pour le passé et des garanties pour l’avenir, et il s’est efforcé de les énumérer toutes. Pour le passé, il faut sans doute le châtiment des auteurs des massacres, et la France avait été la première à le dire ; mais il faut aussi des indemnités équitables pour les intérêts de tout ordre qui ont été lésés. Pour l’avenir, il faut maintenir l’interdiction de l’importation des armes, constituer dans la capitale une garde convenable pour les légations, démanteler les forts de Takou, occuper militairement un certain nombre de points entre Tien-Tsin et Pékin. Tout cela est marqué au coin du bon sens. Aussi l’approbation n’a-t-elle pas tardé à se produire. Celle de la Russie était acquise d’avance, car rien n’avait été fait que d’accord avec elle. Celle de l’Italie a été immédiate. L’Autriche a vu, dans la proposition française, une base de discussion qu’elle s’est déclarée prête à accepter, si les autres puissances l’acceptaient également. On avait fait planer quelques doutes sur les dispositions de l’Angleterre ; elle a envoyé une adhésion très satisfaisante, se bornant à énoncer quelques idées personnelles sur la manière dont un certain nombre de points devraient être occupés entre Tien-Tsin et Pékin. Les États-Unis avaient été présentés comme peu favorables : leur réponse, montre avec quel soin scrupuleux et sympathique ils ont examiné tous les points de la proposition française. Ils en ont admis l’ensemble, et n’en ont repoussé formellement aucun, se contentant d’émettre quelques réserves, non pas sur les propositions elles-mêmes, mais sur les conditions dans lesquelles sa constitution intérieure pourrait lui permettre d’y adhérer. On n’a pas encore la réponse du Japon, mais tout fait croire qu’elle sera approbative. Seule, l’Allemagne, qui n’a d’ailleurs présenté