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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.


À l’intérieur, la dernière quinzaine a appartenu au parti socialiste et collectiviste. Il a tenu deux Congrès, l’un international et l’autre national : mais, à dire vrai, cette différence n’a guère été que pour la forme, car dans le premier Congrès aussi bien que dans le second, ce sont surtout les affaires françaises qui ont été discutées. Le reste a paru relativement négligeable. Nous ne voulons pas dire par-là que tout le monde ait été satisfait de cette espèce d’accaparement de l’intérêt par le collectivisme français ; non, certes ; certaines délégations étrangères ont paru fatiguées et même excédées de nos querelles de famille ; mais, bon gré, mal gré, le Congrès international a dû consacrer la plus grande partie de son temps à rechercher qui est-ce qui avait raison et qui est-ce qui avait tort parmi les socialistes français. Il aurait probablement aimé mieux s’en dispenser : ni M. Jaurès ni M. Guesde ne lui ont permis de se réfugier dans l’abstention. Le Congrès s’en est tiré à la manière des oracles. Il a décidé que M. Guesde avait raison, en principe, mais qu’il n’était pas impossible que M. Jaurès eût raison en fait. Sachons-lui gré de cette réserve. De quoi s’agissait-il, en effet ? De savoir si M. Millerand avait bien ou mal fait d’entrer dans un ministère bourgeois. C’est une question que nous sommes prêts à discuter avec nos compatriotes quels qu’ils soient, sans nous arrêter à leurs opinions politiques, économiques ou sociales ; mais il y a quelque chose de pénible à entendre des Prussiens, des Italiens ou des Polonais opiner dans une affaire qui ne les regarde pas. Au surplus, le Congrès a préféré ne pas se prononcer clairement, en quoi il a montré plus de tact et de réserve que le socialisme français qui avait voulu l’obliger à le faire.

Nous n’analyserons pas son œuvre : les limites d’une chronique