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surface de l’astre avec la silhouette des taches et de leurs pénombres. Elles sont les plus difficiles si l’on veut parvenir jusqu’à la reproduction parfaitement nette des derniers élémens qui forment la surface lumineuse de la photosphère. En effet, le Soleil possède une telle puissance lumineuse que la paresse ou l’insensibilité relative de la substance photographique ne peut jamais devenir une difficulté, et qu’il est absolument inutile d’employer ces mécanismes au moyen desquels on oblige les instrumens générateurs des images à suivre les astres. Mais aussi, cette puissance lumineuse même devient un obstacle pour l’obtention des images très parfaites, à cause de certains effets où figure l’irradiation qu’elle produit, et qui tend à confondre les élémens si délicats dont la surface solaire est formée. » Les images fournies par le photohéliographe de Kew, depuis 1858, ont leur utilité pour la statistique des taches et pour l’étude de leur distribution, mais elles ne peuvent nous renseigner sur la structure intime de la surface du soleil ; et tout ce qui a été tenté ailleurs dans cette direction est encore loin d’égaler la perfection et la richesse des photographies solaires de Meudon, qui nous ont révélé la véritable forme des élémens de la photosphère.

Ces élémens sont constitués par une matière fluide très mobile ; dans les points de calme relatif, elle prend des formes globulaires, et il en résulte l’aspect d’une granulation générale ; mais partout où régnent des courans, les granules s’allongent : ce sont des grains de riz, des feuilles de saule, ou même de véritables filamens. Cependant ces foyers d’agitation n’occupent que des plages limitées, et la forme granulaire est la règle. La surface du Soleil offre ainsi l’aspect d’un réseau dont les mailles seraient formées par des chapelets de grains réguliers, montrant, dans les intervalles, un enchevêtrement de corps étirés, allongés. Ces bouleversemens décèlent la présence de courans ascendans qui viennent rompre et disloquer la mince couche de matière lumineuse à laquelle le soleil doit son pouvoir rayonnant. Là où le calme se rétablit, ces fragmens prennent une forme d’équilibre globulaire. Ce serait là l’explication du réseau photosphérique. Les images successives prises avec le revolver photographique permettent d’étudier les mouvemens de cette lave, qui sont d’une violence inouïe.

Depuis 1898, la grande lunette de l’observatoire de Meudon a été mise à la disposition de M. Deslandres, qui l’a utilisée pour