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tronomie physique ou, plus simplement, d’astrophysique. Tel est l’observatoire de Meudon, fondé en 1878, et dont la création est due entièrement à l’infatigable zèle de M. Janssen et à l’éclat de ses découvertes.

M. Janssen avait, un des premiers, compris toute la portée et toute la fécondité de la nouvelle méthode d’analyse, fondée sur l’emploi du spectroscope, que Bunsen et Kirchhoff venaient d’inaugurer, et qui commençait à s’introduire dans les laboratoires. Il avait débuté, en 1860, par une thèse où il étudiait l’absorption de la chaleur obscure par les milieux de l’œil, qui préservent la rétine en arrêtant ces radiations dangereuses. Ce travail avait été entrepris au retour d’un voyage à travers l’Amérique, exécuté en compagnie de M. Grandidier. C’est à ce moment que furent publiés les premiers mémoires de Kirchhoff, et M. Janssen, frappé de l’importance des résultats déjà obtenus, résolut de demander à l’analyse spectrale de nouvelles révélations sur la constitution du Soleil.

Ses premières recherches devaient porter sur l’étude approfondie des raies obscures que fait naître dans le spectre solaire l’absorption élective, exercée par l’atmosphère terrestre. Ces raies « telluriques, » peu apparentes quand le Soleil est élevé sur l’horizon, s’accentuent et s’élargissent beaucoup au moment du lever ou du coucher, parce que la route des rayons dans l’atmosphère est alors plus longue ; elles s’affaiblissent au sommet des montagnes, où l’air devient plus rare. Les bandes sombres du spectre solaire avaient été signalées par sir David Brewster en 1833, M. Janssen, à l’aide d’un spectroscope multiple, put les résoudre pour la plupart en raies très fines comme les raies de Fraunhofer, et s’assurer qu’elles étaient constantes dans le spectre, quoique d’intensité très variable suivant la hauteur du soleil.

C’est ce caractère spécial qui permet de distinguer les raies telluriques des raies solaires proprement dites, qui sont dues à l’absorption exercée par les vapeurs que contient l’atmosphère du soleil. M. Janssen entreprit aussitôt de dresser une carte du spectre ainsi rectifié ; elle fut complétée au cours de diverses missions en Italie et dans les Alpes, de 1862 à 1864. Au mois de septembre 1864, nous trouvons M. Janssen au sommet du Faulhorn, où il voit les raies d’origine terrestre s’effacer à mesure qu’il s’élève dans son ascension. Le mois suivant, une ex-