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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.


Le 22 septembre 1900 ne restera probablement pas une grande date de notre histoire : il a été marqué par le banquet des maires, banquet monstre et comme on n’en avait encore jamais vu, puisqu’il comprenait plus de vingt mille personnes, mais dont le trait le plus remarquable a été précisément celui-là. La réunion a eu lieu dans le jardin des Tuileries : les deux tiers des municipalités de France y étaient représentés. Un temps admirable a donné plus d’éclat à cette fête. Tout s’y est d’ailleurs parfaitement passé, et il y a lieu de croire que les nombreux convives de M. le Président de la République garderont un bon souvenir de l’accueil qui leur a été fait. Ils ont d’ailleurs exprimé leur satisfaction de la manière la plus significative. La gaieté et la cordialité n’ont pas cessé d’être de la partie, et M. Loubet, lorsqu’il est passé le long des tables, a été l’objet d’ovations sympathiques, qui ont pris un caractère encore plus expressif lorsqu’il est monté en voiture pour regagner l’Elysée. Pendant deux jours, il a dû consacrer son après-midi à recevoir les maires de France qui, venus quelquefois de si loin pour le saluer, ne voulaient pas quitter Paris sans l’avoir vu de près et sans lui avoir serré la main. Sans exagérer l’importance de cette manifestation, il faut la reconnaître. Évidemment, la République n’a rien perdu de sa force dans le pays : elle y est aussi solidement assise qu’elle l’a jamais été. Quant à la personne de M. Loubet, les attaques d’un certain nombre de journaux l’ont laissée intacte, c’est-à-dire respectée. Il est bon qu’on le sache au dehors, où les choses se déforment si facilement dans des imaginations parfois peu bienveillantes, et où on use si volontiers contre nous des armes que nous forgeons nous-mêmes dans l’intérêt de nos querelles de famille. La manifestation du 22 septembre a été à ce point de vue, particu-