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ressource de recueillir le plancton dans un volume déterminé d’eau, et de le peser. C’est ce que l’on fait. Les naturalistes, pour exécuter le recensement de ces petites populations aquatiques, opèrent en bloc ; ils en pratiquent le cubage. Cette manière de procéder n’est pas une habitude bien vieille : elle remonte à une quinzaine d’années. C’est un physiologiste allemand, V. Hensen, de Kiel, qui l’a introduite dans la pratique zoologique. C’est lui d’ailleurs qui, en 1887, a créé le mot de Plancton.

La masse vivante du plancton flotte passivement. L’étendue de l’excursion possible étant, pour chacun des êtres, en proportion de ses faibles dimensions, les bancs qu’ils forment ne subissent que des mouvemens d’ensemble, sous l’influence des courans qui les transportent. Hors de là, le banc de plancton ne se disloque pas. Lorsqu’il est abondant, il dessine sous l’eau de vastes taches irrégulières et mobiles que les marins connaissent bien. On les aperçoit lorsque l’on examine d’une certaine hauteur la surface des eaux tranquilles. On recueille ces êtres vivans en écumant la mer au moyen d’un filet fin, en soie à bluter. On immerge le filet fin à une profondeur qui est constamment la même, par exemple, à 200 mètres. Quand on l’a relevé verticalement, il se trouve que l’on a filtré un cylindre liquide ayant toujours les mêmes dimensions, soit une hauteur de 200 mètres et une base égale à l’ouverture du filet. Un dispositif spécial permet de rassembler intégralement la masse de plancton récoltée, de manière à l’examiner avec les réactifs convenables, et enfin à la mesurer. Hensen et quelques autres naturalistes ont prétendu donner à cette mesure la précision d’une analyse quantitative. On lit couramment, dans les comptes rendus des explorations, des renseignemens du genre de celui-ci : « le coup de filet ramène 20 000 copépodes, en moyenne ; » — ou encore ; « le mètre cube contient trois millions d’organismes. »

L’intérêt de la considération du plancton vient de son rôle. Il sert, en définitive, d’aliment aux animaux de grande taille, comme les bancs de sardines aux grands carnassiers marins. L’industrie des pêches et du peuplement des eaux marines est intéressée à connaître le nombre de poissons que peut nourrir, ou que nourrit en effet, un champ de pêche déterminé. Ce nombre est en proportion de la quantité du plancton.


Le pack antarctique recouvre donc, dans les points où il a