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portaient les hoplites grecs. Forgé d’une seule pièce, le timbre légèrement crête se prolongeait en un couvre-nuque long, épousant la forme de l’occiput, se continuant sur les côtés en grandes jouées imitant les paragnathides béotiennes. Aucune visière, aucune avance n’ombrageaient le front ni les yeux ; souvent un nasal descendait suivant la ligne du nez ; entre celui-ci et chaque jouée une échancrure semi-circulaire dégageait la vue. Telle fut la barbute des gendarmes italiens au beau temps des condottières. Et, prenant la partie pour le tout, la coiffure pour l’homme, on disait une barbute pour un cavalier armé de toutes pièces. Ainsi, le 13 avril 1362, le Petit Meschin se trouvait à la bataille de Brignais avec cinq mille barbutes. Une modification de cette forme de casques en faisait une coiffure plus légère, pour les parades. Dans ces barbutes de parement, que l’on appelait, au XVe siècle, salades à la vénitienne, et qui demeurèrent en honneur au siècle suivant, la face se trouvait complètement découverte, par la suppression du nasal et des jouées. La barbute de Philippe le Beau appartient encore à un autre modèle. Des pièces accessoires, mobiles, peuvent faire du léger casque de parement une défense de tête que l’adjonction de la bavière rend absolument complète. Les bas-reliefs de Naples, qui représentent le triomphe d’Alphonse V d’Aragon, — et dont on peut voir les moulages à notre Musée d’Artillerie, — nous offrent des barbutes de ce dernier système. Ce sont des objets rares entre tous. Plus communs sont ceux où l’acier disparaît sous un revêtement de velours, ordinairement écarlate, et servant de fond à de vastes rinceaux de bronze doré y appliqués. Telles sont ces barbutes de parement que l’on appelle, dans le langage courant, casques de commandant de galères, et qui devaient servir dans les parades et les carrousels.

La salade est, au contraire, dans la tradition allemande. Avec son long couvre-nuque projeté en arrière, sa visière montée sur tourillons et à vue coupée, suivant l’expression admise, elle nous fournit un superbe exemple de ces salades à queue qui furent surtout en faveur sous le règne de Charles VII. Elles avaient succédé au bassinet monumental qu’avaient porté, en dernier lieu, les combattans d’Azincourt. En France, on les abandonna sous le règne de Louis XI ; mais, en Allemagne, elles étaient encore de mise après la mort de Maximilien. On les retrouve comme casques de joute, cent ans plus tard, car le Musée d’Artillerie en possède qui datent d’Henri III, voire d’Henri IV, et qui sont de