Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/586

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

février en présence des deux Chambres. Le résultat en est d’ailleurs connu d’avance, les délégués étant moralement tenus de voter pour le candidat qui leur a été préalablement désigné par la convention de leur parti, qu’il ait ou non leurs préférences. Quoique cette règle ne soit écrite dans aucun code, elle est absolument impérative et il n’y a pas d’exemple qu’il y ait été dérogé[1].

Si la majorité obtenue par l’un des candidats dépasse la moitié des votans (elle doit être actuellement de 224 voix au minimum, le total des électeurs présidentiels étant de 447) l’élection est acquise et immédiatement proclamée. Si ce minimum n’était pas atteint, nous entrerions dans une nouvelle phase électorale et la Chambre des représentans serait appelée, séance tenante, à choisir le futur président parmi les trois candidats qui auraient réuni le plus de suffrages. Toutefois les votes ne seraient plus alors comptés individuellement mais par États, chaque État ne disposant plus que d’une voix, le Wyoming (100 000 habitans), pour nous en tenir à un des exemples déjà cités, étant investi du même pouvoir électoral que l’État de New-York (7 100 000 habitans).

Pour ce dernier mode de votation, la majorité absolue (soit aujourd’hui 23 voix pour 45 États), est également nécessaire. La Constitution a prévu le cas où cette majorité serait vainement poursuivie et décidé que, si la Chambre n’était arrivée à aucune solution avant le 4 mars, le « vice-président sortant » deviendrait de droit président des États-Unis.

La nomination du vice-président par les délégués électoraux est soumise aux mêmes règles constitutionnelles que celle du président. Elle doit, comme elle, s’appuyer sur une majorité dépassant la moitié des suffrages, à défaut de laquelle le Sénat est investi ipso facto du droit de choisir le futur vice-président parmi les deux candidats ayant obtenu le plus de voix.

Quelque minutieuses que puissent être ces règles dont la précision semble s’appliquer à toutes les éventualités, elles se sont cependant trouvées insuffisantes en 1876 et une procédure exceptionnelle a dû leur être substituée alors pour trancher le nœud gordien de l’élection présidentielle la plus embrouillée et la plus contestée qui fut jamais. L’Union fédérale ne comprenant alors

  1. L’ex-Président Benjamin Harrison, dans une publication récente, This Country of Ours, est allé jusqu’à déclarer que le délégué qui voterait pour un autre candidat que celui choisi par la Convention « serait un objet d’exécration et dans une période d’excitation électorale risquerait d’être lynché. »