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« Le fonds de campagne de Tammany, lisons-nous dans la feuille américaine, ne sera pas cette année inférieur à 2 500 000 dollars. Voici quelles sont les estimations préliminaires :

« Prélèvemens sur les fonctionnaires : 1 million de dollars ; prélèvemens sur les intérêts protégés : 1 million de dollars ; contributions diverses : 500 000 dollars.

« Ces chiffres, ajoutait le Herald, sont regardés comme modérés par ceux qui sont familiarisés avec les sources de revenus dont dispose Tammany. La ville de New-York dépense annuellement de 70 à 80 millions de dollars pour les traitemens et salaires de ses employés. Le taux ordinaire de la contribution est de 5 pour 100. Le personnel de la Cité affecté à un travail manuel et les instituteurs en sont pratiquement exempts, mais les autres fonctionnaires de tout ordre relevant de la juridiction de Tammany figurent au budget pour 20 millions de dollars.

« Quoique ces prélèvemens soient faits en violation de la loi du service civil, tout le monde sait qu’ils s’effectuent partout où il y a une élection. Dans quelques cas, les collecteurs se heurtent à des refus. Mais les fonctionnaires récalcitrans savent que, l’élection une fois faite, ils auront à chercher une autre position. La coutume est de payer et de se taire.

« Parmi les « intérêts protégés » sur lesquels on compte pour le second million figurent les cafés louches, les « music-halls, » les maisons de jeu, les monts-de-piété d’une certaine catégorie et autres établissemens analogues à qui il est permis de violer la loi par faveur spéciale de la police. Les contributions qui peuvent être obtenues de ce côté n’ont guère de limite que la capacité financière des protégés.

« Le dernier demi-million peut provenir de dons volontaires, de contributions fournies par les candidats, de versemens faits par des corporations ou des maisons de commerce, qui ont toute raison de désirer rester en de bons termes avec l’administration au pouvoir. Le montant en est également variable et susceptible de s’accroître considérablement sous une pression énergique. »

Ne pas perdre de vue que ces estimations qui ne visent que les souscriptions démocratiques s’appliquent uniquement à l’État de New-York[1], le plus important, il est vrai, par le nombre

  1. D’après les déclarations ultérieures (26 août 1900) faites par le Président du Comité national républicain, la part contributive de la Ville de Philadelphie a été évaluée à six cent mille dollars (trois millions de francs) pour l’appui à donner à la candidature du parti.