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pays puisse, en tout ce qui est vrai et bon, servir de modèle aux autres peuples. Et c’est à toi, notre Dieu, qu’à tout jamais nous en rapporterons l’honneur et la gloire. Amen ! »

Après s’être ainsi mise en règle avec le ciel, la Convention procède à la nomination d’un président provisoire (temporary chairman) désigné par acclamation et qui le lendemain cédera la place à un président définitif (permanent chairman), à moins qu’il ne soit lui-même confirmé dans ses fonctions, lors de l’élection faite par les délégations des États. Chacun d’eux remerciera l’assemblée dans un discours, parfois fort développé, où seront exposés les principes généraux dont l’adoption leur paraît désirable.

Dans l’intervalle sont constituées les Commissions, investies du soin de préparer le travail de la Convention : « la Commission des lettres de créance » (committee on credentials), chargée de vérifier les pouvoirs des délégations ou, pour mieux dire, d’éliminer, au gré de la majorité, les délégués douteux ou importuns ; la Commission des résolutions, qui s’occupera de rédiger le programme ou, pour employer l’expression consacrée, la « plateforme » sur laquelle l’assemblée va être consultée ; la « Commission des nominations, » qui fera le triage préalable des candidats présidentiels, etc., etc.

L’élaboration de la plate-forme tient naturellement une place essentielle dans cette besogne préliminaire. Ce n’est d’ordinaire que trois ou quatre jours après l’ouverture des débats qu’elle est discutée en séance publique. Plusieurs rédactions différentes sont le plus souvent soumises à l’assemblée et amendées selon les vues des chefs les plus influens. On sait en quoi consistent ces manifestes électoraux, où se reflètent toujours plus ou moins, suivant le caprice des événemens, les principaux problèmes de l’heure présente. D’un caractère presque exclusivement économique en 1896[1] en raison de la lutte monétaire engagée entre les États miniers de l’Ouest et les régions industrielles de l’Est, il était à prévoir qu’en 1900 les programmes des partis emprunteraient leur note dominante au conflit hispano-américain et aux annexions qui en ont marqué le dénouement.

  1. Si on élague des deux plates-formes adoptées en 1899 à Saint-Louis et à Chicago les vœux en faveur de l’indépendance de Cuba et quelques revendications secondaires, l’une et l’autre peuvent se résumer en quelques mots : dans le camp républicain, rétablissement des taxes douanières protégeant la production nationale, maintien de l’étalon d’or ; — dans le camp démocratique, suppression de ces mêmes taxes, adoption de la frappe illimitée de l’argent.