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Certains événemens racontés par elle mêlaient à la vie d’Israël celle d’autres peuples. L’histoire de ces peuples, inconnue jusqu’ici, a été révélée à nos jours, les caractères tracés, il y a des milliers d’années, sur les marbres égyptiens et les briques assyriennes nous sont maintenant intelligibles ; or ils confirment les récits bibliques. Cela établirait seulement l’exactitude de l’écrivain sacré à rapporter ce que son temps pouvait connaître. Mais la Bible dit aussi par quelle succession de travaux divins a été créé l’univers : et le récit de la Genèse est conforme aux récentes découvertes de la science. Or jusqu’à nos jours quel regard avait cherché dans les profondeurs de la terre le secret de sa formation ? Et quel homme avait pu assister à ces œuvres antérieures à l’homme ? Dieu n’avait pour témoin que Dieu. Et si le hasard n’a pu instruire l’ignorance, qui l’a inspirée, sinon celui qui seul savait ?

Ces certitudes de vérité dans les affirmations qui ont été soumises à un contrôle, contiennent la vraisemblance que la Bible n’est pas plus trompeuse dans ses enseignemens sur l’origine de l’homme et sur la révélation du Dieu véritable à toute la famille humaine avant la dispersion des peuples. Et dès lors quelles clartés sur les paganismes et les philosophies ! Les similitudes qu’on s’étonne de trouver entre les idolâtries, la trame identique sous la broderie de leurs fables diverses comme l’imagination, leur croyance universelle à une chute originelle, à un déluge, à un effort des hommes pour escalader le ciel deviennent l’indice de la première et commune croyance. Et de même les philosophies qui s’essaient à démêler un chaos de clartés et de ténèbres se souviennent sans en avoir conscience, quand elles croient inventer. Elles n’ont tiré d’elles-mêmes que leurs erreurs : leur concorde et leur sagesse est un écho lointain de la loi divine qui avait instruit l’homme à l’origine du monde.

Et pourtant, la religion juive elle-même n’a pas tous les signes d’une religion définitive et parfaite. D’abord, elle aussi est nationale. Le peuple juif se considère comme une race privilégiée que Dieu a choisie pour faire avec elle alliance. Il forme une noblesse mystique dont on ne saurait faire partie si l’on n’a dans les veines le sang de ceux qui ont souffert dans le désert, bâti le temple, et entendu s’élever la voix des prophètes. Israël ne reconnaît à aucune race égalité avec lui, ce sentiment est si vif qu’il survivra même chez les Juifs convertis à la mort du Christ, ils refuseront d’admettre les Gentils au bénéfice du salut, et cette