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l’infatigable activité, la passion et le talent de la guerre, l’héroïsme chevaleresque de ses deux tuteurs Nicéphore Phocas et Jean Tsimiscès. Comme eux, il passa sa vie dans les camps, guerroyant tour à tour et sans relâche au Nord et à l’Est, contre les Slaves et les Arabes, ne se reposant de ses campagnes d’Europe que par d’audacieuses algarades en Arménie, Anatolie et Syrie. Il appartient à cette série de Basileis guerriers, aussi braves que nos preux de l’Occident, mais ayant sur eux cette supériorité de posséder une science de la guerre. Dans toutes les crises que traversa l’empire grec apparaissent des souverains de ce type héroïque. Il n’est donc pas équitable de nous représenter la monarchie byzantine comme une succession de dégénérescences, de neurasthénies et de décadences : ce qui rendrait d’ailleurs inexplicable qu’elle ait pu survivre dix siècles à l’empire romain d’Occident. Parallèle à la série des rois fainéans, longue est la série de ces empereurs-soldats, qui contre les Goths, les Huns, les Avars, les Madgyars, les Allemands, les Slaves, les Perses, les Arabes, conduisirent les légions à la victoire ou, souvent, payèrent d’une mort glorieuse leur défaite. Elle commence au rude Marcien, l’époux mystique de l’impératrice-vierge Pulchérie, celui qui faisait répondre à Attila : « J’ai de l’or pour mes amis et du fer pour mes ennemis ; » elle se continue par Héraclius, vainqueur des Perses, par les Comnène, dont la bravoure chevaleresque émerveilla les guerriers latins ; elle ne se termine qu’avec le dernier des Paléologue, Constantin Dragazès, qui périt sur la brèche de sa capitale et, dit la chanson grecque, fut « enterré sous les lauriers. » C’est dans cette glorieuse lignée d’empereurs que s’inscrit Basile II. C’est à ses mains qu’était confié le glaive de l’hellénisme contre le bulgarisme de nouveau triomphant.

M. Schlumberger a pris soin de réunir tous les textes qui permettent de faire revivre, avec plus de précision que ne l’autorisent ordinairement les chroniques et hagiographies byzantines, la personnalité physique et morale du champion de la race grecque.

Au physique, un « front vaste et proéminent ; » des yeux « qui lançaient des éclairs ; » un cou, des épaules, des bras bien musclés. Et remarquons cette particularité, que Basile II partage avec Napoléon : « Une taille au-dessous de la moyenne. » La parole, ajoute Psellos, était « brève, abrupte, inculte plutôt que raffinée. » Une miniature du XIe siècle, que M. Schlumberger a