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si l’on y ajoute les subventions de la métropole j pour travaux publics, de 23 pour 100 si l’on y comprend, mais à tort, les dépenses militaires.

Ce commerce extérieur, quel est-il donc ? comment se répartit-il sur les divers points de la côte occidentale d’Afrique ? quelles sont les lois de ses oscillations ? Ici encore, l’examen des statistiques donne des résultats surprenans.

Voici d’abord les chiffres absolus, de 1893 à la dernière année officiellement connue, en prenant pour point de départ, pour les colonies françaises, non pas 1893, qui a été exceptionnellement faible et conduirait à formuler des conclusions excessives sur le rapide développement de nos opérations, mais 1892, qui s’est présentée dans des conditions plus normales : les importations dans les colonies anglaises ont passé de 51 250 000 francs en 1893 a 71 millions et demi en 1898, les exportations, de 54 040 000 à 60 350 000 francs ; les importations ont été de 36 270 000 francs dans nos établissemens en 1892, de 57 750 000 francs en 1898, tandis que les exportations montaient de 32 300 000 à 49 530 000 francs. De là cette conclusion : malgré l’avance qu’il avait sur nous, le commerce anglais se voit rapidement regagné par le nôtre, puisque son accroissement durant cette période n’est que de 35 pour 100 à l’importation et de 11 pour 100 à l’exportation, tandis que nos colonies ont progressé respectivement de 64 et de 53 pour 100. Et si, au lieu de considérer le bloc, on regarde chacune des colonies intéressées, l’on voit que les françaises sont toutes, sans exception, en progrès considérable, au lieu que les anglaises sont soit en décroissance, soit dans le statu quo, ce qui explique surabondamment l’ardeur des compétitions britanniques dans la boucle du Niger[1].

  1. Le tableau ci-dessous, où les établissemens européens sont rangés dans leur alternance géographique, montre cette situation année par année.
    Importations en milliers de francs.
    1892 1893 1894 1895 1896 1897 1898 1899
    Lagos « 18 725 18 600 20 400 22 525 19 250 22 700 «
    Dahomey 6 430 10 450 10 770 10 540 9 730 8 240 9 995 12 350
    Togo « « « « 2 100 2 500 « «
    Côte d’Or « 17 950 20 325 23 275 22 750 22 775 27 725 «
    Côte d’Ivoire 1 980 2 475 3 120 3 000 4 690 4 690 5 600 «
    Sierra-Leone « 10 425 11 950 10 675 12 375 11 425 15 150 «
    Guinée française 3 600 4 000 4 890 5 000 4 630 7 630 9 000 15 140
    Guinée portugaise « « « 1 556 « « «
    Gambie 4 150 3 250 2 425 2 750 4 400 6 150
    Sénégal et Soudan 24 260 13 860 27 000 28 260 26 175 27 000 33 155
    Exportations en milliers de francs.
    Lagos « 20 900 20 535 24 625 24 375 20 275 22 050 «
    Dahomey 7 260 8 830 9 970 10 520 9 225 5 780 7 540 12 700
    Togo « « « « 2 000 1 000 «
    Côte d’Or « 18 050 21 250 21 950 19 800 21 450 21 825
    Côte d’Ivoire 3 710 4 360 4 070 3 700 4 400 4 720 5 010
    Sierra-Leone « 9 975 10 630 11 325 11 225 10 025 7 275
    Guinée française. 4 000 4 800 5 200 5 230 5 800 6 725 7 800 9 460
    Guinée portugaise « « « 1 225 « « «
    Gambie « 5 125 3 750 2 350 2 925 4 150 6 200
    Sénégal et Soudan 17 300 18 000 18 170 12 440 19 560 21 140 29 150

    Il est à remarquer que l’année 1895 a été témoin au Sénégal d’une grosse crise commerciale. Quant au Soudan, c’est seulement en 1898 que la douane lui a assigné un contingent distinct dans le mouvement commercial du Sénégal : ce contingent a été de 8 030 000 francs à l’importation, de 3 620 000 à l’exportation.