Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
LITTÉRATURE EUROPÉENNE


I

A l’occasion de la réunion du Congrès d’Histoire comparée, — et en qualité de président de la section qui portait le titre de Section d’Histoire littéraire comparée, — j’ai prononcé le 23 juillet, au Collège de France, une conférence dont l’objet était de définir la matière, le programme, et la méthode de la Littérature européenne. La littérature européenne, il est vrai, n’est qu’une « branche » de la littérature comparée ; et encore, on va le voir, n’ai-je pris cette expression même de « littérature européenne » que dans son sens le plus étroit. Il ne faut pas vouloir trop embrasser d’un coup ! Si l’on voulait donner à l’expression toute son étendue, comme l’ont fait Mme de Staël, dès 1800, dans son livre de la Littérature, et Frédéric Schlegel, quinze ans plus tard, dans son Histoire de la Littérature[1], elle envelopperait les littératures de l’antiquité, la grecque et la romaine, aussi bien que les littératures de l’Europe moderne ; — et la littérature du moyen âge n’en serait pas exclue.

Le domaine de la littérature comparée, ainsi que l’a fait justement observer M. Gaston Paris dans la première de nos réunions particulières, est encore plus vaste. On n’en saurait écarter les grandes littératures orientales : l’hébraïque et l’arabe, la persane et l’indoue. Que serait-ce qu’une théorie de l’épopée, par exemple, qui ne tiendrait pas compte des Mahabharata et des

  1. Histoire de la Littérature ancienne et moderne, par Frédéric Schlegel, traduite de l’allemand sur la dernière édition par William Duckett, 1 vol. in-8o ; Paris, 1829, Baltimore. La première édition allemande est, je crois, de 1815.