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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


Les Conseils généraux, qui sont habituellement des assemblées discrètes, l’ont été cette année plus que jamais. Leur session d’août s’est ouverte et fermée sans le moindre incident. On s’attendait, dans le clan ministériel, à des ordres du jour qui auraient témoigné au gouvernement confiance et admiration : ces ordres du jour ne sont pas venus. C’est à peine si on a pu en relever un tout petit nombre, autour desquels on s’est vainement efforcé de faire quelque bruit. Il y a pour le moment, dans l’opinion provinciale, une grande indifférence, ce qui n’est d’ailleurs un bon symptôme pour personne. Tant de déceptions ont amené de la lassitude et du découragement. On chercherait en vain des marques de satisfaction, même dans le parti radical-socialiste, qui est aujourd’hui au pouvoir : il a, lui aussi, le sentiment de la stérilité gouvernementale, et il commence à en manifester quelque impatience. Maintenant que vous avez sauvé la République, dit-il à nos ministres, ou plutôt aux siens, faites donc autre chose ! Mais c’est plus difficile, et on ignore encore, parmi tant de projets de loi qu’il a déposés pour la forme, si le gouvernement fera un effort sérieux pour en faire aboutir un seul. En tout cas, il chercherait en vain un encouragement quelconque du côté des Conseils généraux. N’ayant trouvé rien à dire, ils ont préféré se taire, et laisser les choses suivre leur cours sans y mêler ni approbation ni improbation.

Nous ne parlons ici que de politique intérieure. Au dehors, nos assemblées départementales ne pouvaient pas se désintéresser de ce qui se passe en Chine, et elles ont toutes tenu, ou presque toutes, à manifester, sous une forme quelconque, l’intérêt avec lequel elles suivent les travaux de nos soldats en Extrême-Orient. Le patriotisme, Dieu merci, ne s’endort jamais chez nous, et il unit aisément tous les