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Puis en décembre, auprès du foyer clair, connaître
La douceur d’avoir froid pour se réchauffer mieux,
Et se sentir aussi plus vivant, plus joyeux,
Quand le premier frisson de l’hiver vous pénètre ;

Et vivre ainsi, chanter, aimer, selon le cours
Des saisons, dont chacune apporte un peu de rêve,
Puis, quand la neige fond et que l’hiver s’achève.
Et qu’un rayon qui filtre annonce les beaux jours,

Lorsque, sous la rosée en perles qui les trempe,
Les fleurs s’ouvrent, goûter le charme passager
Des soirs calmes qu’on voit doucement s’allonger
Et des premiers repas qu’on achève sans lampe...


L’ORPHELIN


Quand sa mère vient de mourir.
Le cœur de l’orphelin se serre.
Et, malgré sa douleur sincère,
Il est déjà fier de souffrir.

Il l’aimait bien, sa mère morte,
Et cependant, toujours en deuil.
Il a comme un naïf orgueil
Des longs vêtemens noirs qu’il porte.

Et ses camarades entre eux
Rient et jouent sans qu’il les envie.
L’enfant connaîtra dans la vie
La fierté d’être malheureux.


LA SOLITUDE


La Solitude a des caresses,
Dont seuls connaissent la douceur
Les orphelins sans grande sœur
Et les poètes sans maîtresses.