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nous a donné un mal horrible, beaucoup de fatigues et de privations, que j’ai fort bien supportées. Je suis revenu avant-hier avec les deux divisions que je commande (la mienne et celle de Desfourneaux), dans la plaine du Nord, et me voilà rentré au Cap.

J’ai une besogne infernale, surtout avec ces coquins d’administrateurs qui, pendant notre absence, ont mis le vol et le gaspillage à l’ordre du jour. Je me charge de leur rogner les ongles. Je viens de destituer un commissaire ordonnateur, qui méritait que je le fisse passer par la fenêtre. Nous recommencerons le branle quand le gouvernement nous aura envoyé les forces nécessaires. En ce moment nous sommes loin de compte.

P.-S. — Mes aides de camp te présentent leurs hommages ; ils ont été aussi heureux que moi ; pas un n’est blessé.


18 germinal (8 avril).

Un de mes compagnons d’infortune en Irlande part demain pour la France. J’en profite pour te donner de mes nouvelles. Je vais bien, mais la moitié de ma maison est une infirmerie. Cela ira mieux dans trois ou quatre jours ; rien de dangereux d’ailleurs.


Hardy devient dès lors l’agent le plus actif de la pacification.

« Tout en redoublant de surveillance, écrit-il à Salm, qui, à Plaisance, a malmené le général noir Morpas, placé sous ses ordres, il faut user de beaucoup de ménagement et de dextérité. »

Il en donne si bien l’exemple, que son redoutable adversaire, Christophe, le plus brave, le plus intelligent des généraux de Toussaint, invoque son intervention pour rentrer en grâce auprès du Capitaine-général et l’obtient.

On ne peut douter, en lisant la réponse du général Hardy, que Saint-Domingue eût été conservée à la France s’il avait vécu.


Au général Christophe.


30 germinal (20 avril).

Le capitaine Villon, commandant à la Petite-Anse, m’a communiqué,