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gouvernement, il cherchait à renforcer son armée insurrectionnelle en achetant des nègres à la Jamaïque[1].

Les Anglais n’ont pas permis qu’on lui en vendît un seul. Déconcerté, il a présenté de nouveau sa constitution, qui a été, une seconde fois, refusée par les Consuls.

Les colons ont appris avec une joie indicible les préliminaires de la paix entre la France et l’Angleterre. Les nègres désertent les drapeaux de Toussaint pour redemander du travail à leurs anciens maîtres. Tout fait espérer que nous serons bien accueillis.


22 frimaire (13 décembre).

Enfin, le signal d’appareiller est donné. Quatre vaisseaux, plusieurs frégates et corvettes[2] sont partis. Demain, à la pointe du jour, nous les suivrons.

J’ai vu Leclerc ce matin. Il n’a pas encore organisé son armée ; mais il m’a dit que, comme il comptait sur moi plus que sur tout autre, il voulait m’avoir près de lui.

Je commanderai la partie Nord de Saint-Domingue ; Boudet, la partie Ouest ; Rochambeau, la partie espagnole.


Armée de Saint-Domingue.
Le général de division Hardy, commandant au Cap Français, à sa femme.


19 pluviôse, an X (8 février 1802).

Nous avons fait une traversée fort pénible jusqu’à 150 lieues

  1. Colonie anglaise.
  2. Trois escadres avaient été réunies à Brest, à Rochefort et à Lorient, pour transporter l’armée de Leclerc à Saint-Domingue. Celle de Brest, la plus importante, sous le commandement direct du commandant de la flotte, le vice-amiral Villaret-Joyeuse, était renforcée par l’escadre espagnole du contre-amiral Gravina (Cinq vaisseaux : Neptuno, de 80 canons ; Guerrero, San Pablo, Francisco de Paula, Francisco de Assise, de 74 canons. Six frégates : la Soledad, la Sirène, de 36 canons ; la Furieuse, de 44 canons ; la Fraternité, la Précieuse, la Fidèle, de 36 canons. Trois corvettes : la Cigogne, la Découverte, la Vigilante. Un cutter : le Poisson-Volant. Deux transports : la Nécessité et la Danaë). Elle comprenait un vaisseau de 120 canons : l’Océan, et neuf de 74 : le Mont-Blanc, le Gaulois, le Patriote, le Cisalpin, le J.-J.-Rousseau, le Watignies, le Révolutionnaire, le Duquesne, le Jemmapes. Sur ces navires français ou espagnols, 7 000 hommes étaient embarqués.
    L’escadre de Rochefort, sous le pavillon du contre-amiral Latouche-Tréville, comprenait un vaisseau de 80 canons, le Foudroyant ; cinq de 74 : l’Union, l’Argonaute, l’Aigle, le Duguay-Trouin, le Héros ; six frégates : la Franchise, la Clorinde, l’Uranie, la Poursuivante, de 44 canons ; la Vertu, l’Embuscade, de 36 ; deux corvettes de 26 canons : la Bayonnaise, la Diligente ; deux avisos : le Renard, l’Aigle ; 3 000 hommes de débarquement.
    La division de Lorient (un vaisseau de 74, le Scipion ; une frégate de 44, la Cornélie ; une corvette de 18, la Mignonne ; une flûte, la Serpente transportait 1200 hommes.