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l’Islande viennent fausser les indications de la boussole ; c’est ce qui arriva dans ce cas. Le navire-hôpital, se fiant à sa boussole, était sans inquiétude alors qu’il courait à sa perte, et il fit naufrage sur un banc de sable, là ou d’ailleurs venaient de se perdre deux navires à vapeur anglais. Heureusement que, si, dans ces deux accidens douloureux, il y a eu perte matérielle, les équipages ont été sauvés.

Pour apprécier de sang-froid les pertes subies par les Œuvres de mer, il est nécessaire de bien se pénétrer au préalable des conditions particulièrement dangereuses dans lesquelles manœuvrent ses navires-hôpitaux, avec cette aggravation que ces navires tiennent la mer et circulent presque constamment, alors que les navires-pêcheurs, arrivés sur le banc, mouillent et ne se déplacent plus. Ne sait-on pas, néanmoins, que rien qu’à Terre-Neuve, parmi la flottille de pêche, on a malheureusement compté six naufrages en 1897, et pareil nombre encore en 1898 ?

Les croisières intensives que font les navires-hôpitaux dans des mers mauvaises sont tout autre chose que la navigation d’un yacht de plaisance sur la mer bleue.

La vérité est que, sur les lieux des grandes pêches, les navires de secours comme les navires de pêche payent et continueront à payer un large tribut aux inéluctables chances de mer.

Il faut donc que la Société des Œuvres de mer, — dont la direction est confiée à des hommes particulièrement compétens, à des marins habitués à la lutte ardente et tenace, — n’éprouve pas un seul instant de défaillance, et puise dans ces malencontreux accidens les motifs d’une nouvelle ardeur pour combattre la mauvaise fortune.

Tel est en effet le spectacle réconfortant que nous offre à l’heure actuelle cette courageuse Société d’assistance.

Les débuts ont été durs, mais, comme tout finit par s’égaliser en ce monde, il y a tout lieu d’espérer, comme compensation, qu’après la série noire, viendra la bonne série.

Quoi qu’il en soit, les résultats déjà obtenus par la Société des Œuvres de mer sont sérieux et tangibles. Elle a fait croiser ses navires-hôpitaux à Terre-Neuve et en Islande ; elle a installé à Terre-Neuve une Maison de famille, ce qui lui a permis de combattre par des actes l’affreux alcoolisme, cette plaie atroce des lieux de pêche.

Les dépenses de la Société sont élevées, car chacun de ses