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pendant une période déterminée ; enfin, il procure aux pêcheurs les secours de leur religion, et, chaque dimanche, à bord du navire-hôpital, l’office réunit en grand nombre les pêcheurs dont les bateaux se trouvent dans les mêmes parages.

La Mission est en pleine prospérité ; elle avait déjà, il y a trois ans, 14 navires croisant, 12 dans la mer du Nord, et les 2 autres sur les côtes du Labrador. L’année dernière, elle vient d’inaugurer ses croisières sur le banc de Terre-Neuve. Son budget annuel, alimenté par les dons volontaires (voluntary contributions), dépasse 500 000 francs. Détail important à signaler en vue d’en faire un exemple contagieux chez nous : souvent un navire complet est offert comme cadeau à la Mission ; dans ce cas, le nouveau bateau-hôpital porte le nom du généreux donateur.

Voilà ce qu’on a fait, comme assistance pour les pêcheurs du large, à l’étranger et surtout en Angleterre ; voyons maintenant, dans le même ordre d’idées, ce qui a été fait en France tant par l’État que par l’initiative privée.

On sait que depuis Colbert, d’après la loi de l’Inscription maritime, tous les marins, les pêcheurs comme les autres, restent à la disposition de l’État et sont soumis à la tutelle de la Marine de guerre. Il est donc naturel que la Marine, qui, du reste, a droit de police et de justice sur tous les inscrits, se soit préoccupée d’améliorer, par de sages réglementations, leur situation en mer. À ce point de vue, la première règle importante que nous avons à signaler est l’ordonnance royale du 4 août 1819, par laquelle un coffre à médicamens était imposé à tout navire du commerce, pêcheur ou non, avec l’obligation d’embarquer un médecin, dès que l’équipage dépassait quarante hommes. Il en résulta que certains bateaux de pêche au moins avaient un médecin, docteur ou officier de santé. Contre cette obligation d’embarquer un médecin, les armateurs ne cessèrent pas un moment de lutter et finirent par obtenir, en 1859, qu’un étudiant en médecine muni de huit inscriptions pourrait tenir la place du médecin. Cette concession ne mit pourtant pas fin aux réclamations des armateurs, et le décret du 17 septembre 1864, qui n’imposait le médecin que pour les équipages dépassant 100 hommes, leur donna radicalement gain de cause, puisque, en réalité, en dehors des paquebots, les navires du commerce n’atteignent jamais ce chiffre d’effectif. Naturellement, à partir de cette époque, on n’a jamais plus vu de médecin sur les navires de pêche.