que nos pêcheurs, abandonnant leurs anciennes chaloupes trop lourdes, ont adopté le doris.
Dans chacune de ces frêles embarcations les pêcheurs vont deux par deux tendre de longues cordes armées de lignes. Chaque corde (tanti) longue de 120 mètres porte 100 lignes (avançon ou empis) de 1 mètre, et par conséquent autant de hameçons.
Un doris part en général avec 10 tantis roulés dans des mannes «n osier, ce qui représente 1 000 hameçons par doris. Les lignes tendues pour la nuit, c’est à quatre heures du matin que les pêcheurs partent pour les relever. Cette opération leur prend au moins cinq heures ; de retour à bord, il leur faut encore autant d’heures pour réparer les avaries et fixer l’appât ; après quoi, ils repartent dans leurs doris pour mettre à l’eau les engins. C’est alors seulement que, brisés de fatigue, ils ont le temps de souffler.
La question qui préoccupe particulièrement nos pêcheurs est celle de l’appât (boëtte), car, pas de morue sans appât. Voilà pourquoi on les voit très ingénieusement faire successivement usage de tout ce qui est utilisable ; c’est ainsi que comme amorce se succèdent dans le cours de la saison de pêche : le hareng du printemps, le capelan 5 petit poisson), l’encornet (espèce de seiche) et le hareng d’automne.
En résumé, sur le banc, la manœuvre des lignes constitue un travail constant, à peine interrompu par des repas pris à la hâte et quelques heures de sommeil ; on peut ajouter que le travail y est intense, car on y constate tous les symptômes de ce qu’on pourrait appeler la fièvre de la pêche. Pas un seul jour de repos, sauf quand il y a tempête sur le banc, que le pont du navire est balayé par les lames, et que par prudence on est obligé de hisser à bord les doris. C’est donc seulement pendant la tourmente que nos pêcheurs peuvent se reposer.
En Islande, c’est encore la morue qui constitue le butin. La zone de pêche est la mer qui baigne la côte Sud de l’Islande. Cette zone remonte un peu sur la côte Ouest et d’une manière plus sensible sur la côte Est. Les navires de pêche, de tonnage inférieur par rapport à ceux du banc, ne mettent pas d’embarcations à la mer, comme à Terre-Neuve. C’est de leur bord même que les marins se livrent à la pêche, d’une manière très simple d’ailleurs : ils pêchent à la ligne comme cela se voit sur nos paisibles rivières, avec cette différence que, la gaule étant inutile et hors de saison,