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de Lareran et de Rows. MM. Grasi, Bignami, Bastianelli, Celli et Dionisi avaient concouru à prouver que la malaria se propage entre les hommes, de même qu’entre les oiseaux, par l’intermédiaire d’un seul moustique, qui est l’Anopheles clariger, et ils avaient décrit avec la plus minutieuse précision le cycle de transformations qu’accomplit dans le corps de ce moustique l’hématozoaire de la malaria humaine[1].

Koch, l’illustre bactériologiste allemand, avait de son côté entrepris des recherches sur les rapports de la malaria et des moustiques dans l’Afrique australe et pendant un premier voyage en Italie. Revenu à Rome au mois d’avril 1899, au moment où les savans italiens avaient apporté à la solution du problème les contributions décisives, peut-être conçut-il quelque humeur d’avoir été devancé. On engagea d’aigres polémiques sur des détails infimes ; on agita la déplorable question de priorité ; et la querelle, envenimée entre Italiens mêmes par des jalousies de collègues, occupa la presse pendant quelques jours. Si les savans consciencieux qui avaient travaillé pour la santé de leur patrie ont pu souffrir alors de voir leur œuvre méconnue et attaquée par leurs compatriotes, la revanche ne s’est pas fait attendre pour eux. La relation par laquelle le docteur Ross a rendu compte, au commencement de l’année 1900, des observations qu’il avait recueillies dans la colonie de Sierra-Leone, était, point par point, une confirmation de l’exposé publié plusieurs mois auparavant par MM. Grassi et Celli. Enfin, le 24 avril dernier, MM. Laveran et Blanchard, en demandant à l’Académie de Médecine de Paris la création d’une commission du Paludisme, ont cité comme exemple à imiter, avec les missions coloniales allemandes et les deux écoles anglaises de médecine tropicale, la Société italienne pour l’Étude de la Malaria.

L’histoire naturelle de la malaria, telle que MM. Grassi et Celli l’ont exposée lumineusement, est un exemple remarquable des théories nouvelles par lesquelles on explique la propagation des plus terribles contagions. « L’homme, écrit M. Celli, est l’hôte temporaire, et le moustique l’hôte définitif des parasites de la

  1. L’Université de Rome a envoyé à l’Exposition universelle, section d’Hygiène (attenante au Palais des Armées de Terre et de Mer), avec une carte murale de la malaria, des photographies de préparations microscopiques de l’hématozoaire et de l’Anophèles, qui forment la partie la plus importante de l’exposition sanitaire italienne.