disait-il, sous les lois de l’Empire, » les droits du propriétaire légitime, en appelait à l’Europe elle-même « de l’opinion émise par ses représentans » et repoussait catégoriquement toute annexion comme une faute et une injustice. Les deux adversaires, au lieu de préparer l’accord, croisaient le fer.
Je ne sais si les Cabinets furent très surpris de ces dispositions ; il est certain, du moins, qu’ils les envisagèrent avec inquiétude : ils sentaient leur responsabilité engagée dans le conflit, la Grèce frémissante, la Turquie hostile. En cette conjoncture, fallait-il proposer aussitôt la médiation prévue, ou bien essayer d’abord de moyens moins solennels ? La France suggérait l’envoi à Constantinople d’une note identique et collective : l’Angleterre insistait pour que l’on attendît l’effet des conseils que son ambassadeur, M. Layard, était chargé de faire entendre au Sultan. Ce fut’ cet avis qui prévalut, et l’on se reprit à espérer mieux de l’avenir, lorsqu’on sut que la Porte, sous l’influence de ce diplomate, avait consenti à réunir ses commissaires à ceux de la Grèce dans la ville de Prévéza. Il est vrai que le grand vizir Khéreddine-Pacha ne cachait point que les concessions de son maître ne seraient pas celles qu’on avait visées à Berlin ; mais, enfin, c’était un pas en avant, et, malgré les observations pessimistes de M. Waddington, l’on parut croire que, les deux parties étant en présence, les prétentions rivales pourraient être atténuées.
Ce fut le contraire qui arriva. Dès la première séance de la commission de Prévéza, en février 1879, Mouktar-Pacha, donnant au terme de rectification de frontières un sens général et flottant, affirma que le tracé du protocole treize était une simple opinion dont la Porte n’avait pas à tenir compte. Les agens grecs, raisonnant à l’inverse, regardaient ce même tracé comme un verdict de l’Europe et une décision immuable. Le dissentiment s’accentua dans les séances suivantes, et Mouktar-Pacha, écartant comme inadmissible la ligne du Pénée et du Calamas, en offrit une tellement restreinte que la discussion devenait inutile. La commission se sépara le 19 mars, et, l’affaire revenant intacte devant les Puissances, la Grèce, dès le 4 avril, invoqua leur médiation.
Celles-ci, déçues par l’échec de cette première tentative et ne pouvant cependant renoncer à l’espoir d’un compromis qui les dispenserait d’intervenir, se trouvèrent alors de plus en plus anxieuses. Leur embarras est visible dans la longue série de notes et de dépêches qu’elles échangèrent pour régler leur action