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dans la glace un canal qui permît au navire de se mouvoir. En perçant des trous de distance en distance on reconnut le tracé le plus favorable à cette opération, c’est-à-dire la ligne de moindre épaisseur de la glace. On dessina ainsi un chemin de près de 700 mètres. L’exécution en fut pénible. Jour et nuit, il fallut manier la scie et la pioche, pendant plus de trois semaines. Le succès couronna ces efforts et, un mois plus tard, la route était à peu près libre.

Pendant la période d’immobilisation, d’autres occupations absorbaient le temps. Les observations magnétiques avaient été confiées à un jeune officier, qui appartenait aux armes savantes, le lieutenant Danco. Mais sa santé ne put résister aux influences anémiantes et dépressives du froid et de la nuit polaire, et il succomba le 5 juin 1898, au milieu de ses camarades consternés. Les autres membres de l’expédition continuèrent d’accomplir avec persévérance leurs fonctions spéciales. Le géologue, M. Arctowski, opérait des sondages sur la glace et recueillait les sédimens du fond, ou bien il déterminait les températures de l’eau marine aux diverses profondeurs. Le naturaliste de l’expédition, M. Racovitza, pratiquait des pêches pélagiques aux différens fonds, ou bien il recueillait au-dessus de la banquise les rares oiseaux qui se risquent dans ces parages, les pétrels des neiges, les damiers bruns, les sternes et les oiseaux de tempêtes ; ou bien encore c’étaient les différentes espèces de phoques qui vivent sur la banquise et y mettent au monde leurs petits. Pendant ce temps, les officiers faisaient le point et se livraient aux observations astronomiques, lorsque l’état du ciel le permettait. De là une masse de documens, qui, lorsqu’ils auront été mis en œuvre, formeront une collection d’une dizaine de volumes, publiée sous le nom d’Histoire de l’expédition de la « Belgica ».


Parmi ces documens, nous choisirons, pour les présenter à nos lecteurs, ceux qui sont relatifs à la vie des animaux et des plantes dans les régions antarctiques.


A. Dastre.