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voit que cette règle reçoit satisfaction dans le cas de l’existence d’un continent austral faisant pendant, comme antipode, à la mer boréale.

Les observations des membres de l’expédition belge de 1897 et 1898 sont favorables à la théorie de L. Green ; mais elles ne sont évidemment point suffisantes à la mettre hors de discussion. Il faudra de nombreuses ou d’heureuses observations pour en décider. Sous cette réserve, il est permis de dire, avec le géographe de la mission, M. H. Arctowski, que, dans la région qui a été parcourue par le bateau la Belgica, « tout porte à admettre l’existence d’une masse continentale au Sud. »


II

L’idée de former une expédition destinée à explorer la zone polaire australe appartient à un savant de haute valeur, Neumeyer, qui n’a cessé, depuis 1875, d’appeler l’attention sur l’intérêt qu’offrirait une telle entreprise, et de rassembler les documens et les indications capables de la rendre fructueuse. Les appels de l’éminent géographe sont restés sans écho ; et lui-même n’a pu réaliser cet intéressant projet. Le mérite de l’exécution revient à un lieutenant de la marine belge, M. de Gerlache. Patronné par la Société royale de Géographie, encouragé par le gouvernement, M. de Gerlache, parvint, au bout de trois ans, à travers les difficultés que l’on imagine, à réunir les fonds nécessaires à l’achat d’un navire, à son aménagement, et enfin à l’organisation, l’équipement et l’outillage de l’expédition.

Le 18 août 1897, ce navire, la Belgica, quittait la rade d’Anvers. C’était un baleinier norvégien, de 250 tonneaux, gréé à trois mâts, construit pour la navigation dans les glaces ; il avait été muni d’une machine auxiliaire de 160 chevaux-vapeur. Sa coque était protégée contre le frottement des blocs glacés par un soufflage en bois ; son étrave était renforcée par des lames de fer ; son hélice était relevable. Son équipage comprenait douze marins placés sous le commandement de M. de Gerlache, et de son second, le lieutenant Georges Lecointe, qui avait servi, à titre étranger, dans la marine française. Le personnel scientifique se composait d’un physicien chargé des observations relatives à la physique du globe, M. Danco ; de deux savans préposés aux observations géologiques, océanographiques et météorologiques,