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A TRAVERS L’INDO-CHINE

HAUT LAOS ET MÉKONG
II[1]


III. — DE LUANG-PRABANG A SAVAN-NAKEK

J’ai renoncé aux voies d’eau pour quitter Luang-Prabang. Le Mékong m’immobiliserait sur un radeau pendant dix jours, et me ménagerait, sur la route de Vien-Tian, deux ou trois de ses plus dangereux rapides, le Keng-Luong et le Keng-Kiaï, dont on ne me dit rien de plaisant. Le Nam-Hou, complété par son affluent, le Nam-Ngoua, et, de l’autre côté de la ligne de partage des eaux, la Rivière-Noire forment une voie longue et difficile aux basses eaux. Parmi les routes de terre, je choisis celle qui me paraît la plus intéressante, et qui me permet de visiter Hué, la capitale de l’Annam.

Donc, à cheval, et malgré les tigres ! Go ahead ! On ne parle que de tigres sans principes, qui dédaignent les animaux et préfèrent l’homme. On cite tel village, où. l’année précédente, ils ont enlevé quarante-cinq personnes. Il paraît que ces seigneurs viennent en plein jour saisir un coolie en marche dans votre caravane, et que, le soir, affriandés, ils tombent au milieu du campement, où ils jettent le désordre et l’effroi. Tout comme dans l’Annam et le haut Tonkin, les tigres, à l’ouest du Mékong et dans le moyen Laos, ont méchante réputation.

Sa Majesté Zaccharine a fait donner des ordres afin que la route soit débroussaillée sur cinq jours de marche, et quelques

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1899 et du 15 juillet 1900.