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REVUES ÉTRANGÈRES

LE DERNIER ROMAN DE M. HENRI SIENKIEWICZ


Krzyzacy[1], par II. Sienkiewicz. Varsovie, 1900.


Une excellente traduction de Quo vadis ? qu’ont publiée ces jours-ci MM. Kozakiewicz et de Janasz, va permettre au public français de faire connaissance avec le plus fameux des écrivains polonais ; et aussi bien ne pouvait-on pas, décemment, tarder davantage à nous présenter une œuvre qui, à Florence comme à New-York, et à Londres et à Saint-Pétersbourg, est dès maintenant devenue populaire. Je dois ajouter que, indépendamment de cette gloire imprévue qu’il s’est acquise aux quatre coins du monde, Quo vadis ? est, à coup sûr, de tous les romans de M. Sienkiewicz, le mieux fait pour nous intéresser et pour nous émouvoir. Le sujet qu’il traite nous est, d’avance, familier ; et, quand il met en scène, sous nos yeux, Néron et l’apôtre saint Pierre, quand il nous dépeint les premières luttes de la civilisation romaine et de l’esprit chrétien, nous sommes disposés d’avance à lui prêter la même attention que s’il était écrit expressément pour nous par un auteur français. N’est-ce pas un auteur français qui a jadis, le premier, révélé aux romanciers tout ce que contenait de beauté poétique la victoire des martyrs sur leurs persécuteurs ? Et Quo vadis ? a beau nous apparaître sous la forme d’un roman réaliste, où se trouvent habilement utilisés les plus récens travaux des historiens et

  1. Krzyzacy est le nom qu’on donnait, en Pologne, aux chevaliers de l’Ordre Teutonique.