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lancée par ce dernier, en 1867, pour un banquet maçonnique coïncidant avec l’Exposition universelle, se maintenaient dans cette note philanthropique de bon aloi. Lorsque Murât datait de Compiègne et du 6 novembre 1861 un message aux Grands conservateurs de l’Ordre, et lorsqu’il y disait : « Un maçon n’est pas seulement membre de sa loge ni même de la maçonnerie française tout entière, il appartient à la grande famille et a pour frères tous les maçons de l’univers, » il n’attachait, assurément, aucune importance politique à ces propos.

Mais, entre 1863 et 1870, on vit se développer, à l’ombre de l’acacia maçonnique, un groupe d’opposition, tout à la fois philosophique et politique, que d’aucuns, par un assez mauvais jeu de mots, appelaient la Massolerie : ce groupe avait Massol pour guide, et M. Henri Brisson en est aujourd’hui l’un des plus éminens survivans. La Massolerie avait deux ennemis : Dieu et l’Empire ; elle était positiviste et républicaine, et en relations actives avec la maçonnerie italienne. Or la maçonnerie italienne commençait à soutenir avec fracas des thèses nettement internationalistes. Lorsqu’en 1861 le Grand-Orient d’Italie avait entrepris de se réformer, Fauvety, publiant en français le programme « extérieur » de ses frères transalpins, le résumait ainsi : « Faciliter, par le moyen des loges et des associations maçonniques répandues dans le monde, les rapports internationaux, abaisser les barrières qui séparent les peuples, détruire les préjugés de caste, de nation et de race qui divisent les hommes, et préparer la véritable fraternité au moyen d’une grande confédération des peuples civilisés. » La constituante maçonnique tenue à Florence en mai 1864 saluait officiellement, dans ce mouvement, le signe « précurseur de la renaissance et de la fédération de toutes les races et un gage d’amitié féconde et de fraternité vis-à-vis de tous les hommes. » Les statuts de cette maçonnerie régénérée portaient cet en-tête : « Maçonnerie universelle, famille italienne » ; et l’on lisait dans le Monde maçonnique, très accessible aux inspirations transalpines, nous allions dire ultramontaines : « Félicitons surtout nos frères de cette formule heureuse… Sortie des entrailles de la franc-maçonnerie, cette pensée d’universalité, si souvent méconnue par les pouvoirs maçonniques qui semblent vouloir s’isoler, a été heureusement dégagée et rendue pour ainsi dire vivante par la maçonnerie italienne. »

Or dans les loges françaises où l’on voulait travailler, on ne